Accusations, démissions… La petite commune du Saint tremble…

Les opposants à Jérôme Régnier ne prennent pas de pincettes lorsqu’ils évoquent le maire de Le Saint. Comme cet homme du quartier qu’il a rencontré dans le seul endroit de la ville – un bar-boutique – qui a marqué sur son mur : « La commune a besoin d’un maire ». C’est comme ça qu’on dégaine au Saint quand on parle de politique locale.

Le maire est traité de menteur, de despote, d’incompétent « qui n’a pas été foutu pour présenter le budget 2021 », de harceleur qui en fait craquer plus d’un. Il est également accusé d’avoir fermé la colocation Ty Samuel, réservée aux personnes dépendantes, qui pouvait accueillir huit personnes. Mais aussi de fermer la salle polyvalente pendant trois mois afin d’économiser de l’énergie et de l’argent. Les associations qui y menaient leurs activités (yoga, aïkido et gym) ont été priées d’aller suer ailleurs.

Des conseils en présence des gendarmes

« Ils lui reprochent aussi la grande opacité dans sa façon de gérer la ville », souligne Natacha Sannier, qui vient de démissionner du mandat du conseil municipal d’opposition. « Les commissions ne sont pas convoquées pendant des mois et les procès-verbaux du conseil municipal ne sont pas conservés (*). Avant ces réunions, aucun document n’est communiqué, les élus n’ont aucune base de discussion. Et dire que l’actuel maire, qui a fait l’objet de plusieurs plaintes pour harcèlement, a fondé sa campagne sur la démocratie participative. Notre ville est coupée en deux. Certains n’osent même plus venir au village, et dans certaines familles on ne se parle même plus. » La situation est telle que les derniers conseils municipaux, à la demande de la sous-préfecture de Pontivy (56), se sont tenus avec la présence de gendarmes qui attendaient dehors dans deux véhicules après l’âpre débat.

« On a frôlé la mise sous tutelle »

Jérôme Régnier, qui habite Le Saint depuis cinq ans, ne nie pas le climat très tendu qui règne dans sa ville. « L’ancien maire m’a demandé de lui succéder. Peu de temps après l’élection, j’ai réalisé que les finances étaient les pires. Un manque évident de gestion est à blâmer pour cela. Les revenus des appartements municipaux, par exemple, étaient conservés dans une bonbonnière, souvent sans justificatif. L’ancien maire, qui n’avait pas d’adjoint aux finances, a lancé un plan massif de renouvellement de la ville de 1,7 million d’euros que nous ne pourrions jamais payer, malgré les subventions que nous pouvions toucher. Nous avons également observé des irrégularités dans l’emploi de certains agents proches ou de la même famille que certains élus. Nous avons également constaté des plaintes au niveau de la direction. L’association était trop proche de l’ancienne équipe et était trop influente. Indirectement, on peut dire, elle gérait la commune. Il n’y avait pas de registre des délibérations – poursuit le maire en ouvrant la porte du grenier de la mairie, où les archives municipales sont entassées à même le sol.

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La Chambre régionale des comptes saisie

Les difficultés financières de la ville sont pointées du doigt par la préfecture du Morbihan et la Chambre régionale des comptes, qui sont confisquées. « On a failli être mis sous tutelle », poursuit le maire. « Nous avons aujourd’hui trouvé une capacité d’autofinancement de 140 000 euros, alors qu’en 2017 nous étions dans le rouge ». Plusieurs rapports ont été déposés des deux côtés en raison de menaces et d’intimidations. Le parquet de Lorient a été saisi.

Contactée par Le Télégramme, l’ancienne maire Hélène Le Ny s’est dite profondément émue par ces affaires. « Jérôme Regnier ment. C’est un manipulateur qui ne cesse de calomnier. Il ne cesse d’ajouter de l’huile sur le feu. Cette situation n’est pas politique. Son comportement est déviant. Cela brise les gens et les familles. On parle d’une enquête administrative contre moi. Ils ne m’ont jamais appelé. Mais aujourd’hui, j’aimerais pouvoir m’expliquer. » L’ancien maire demande aussi aux agents de la préfecture, de l’Association des maires de France et du département du Morbihan, qui ont défendu Jérôme Régnier, « de venir sur le terrain. Sont-ils conscients de ce qu’ils soutiennent ? »

* Le dernier rapport du conseil publié en ligne date de juin 2021.