« Ça résout une partie des problèmes » : dans cette boutique CBD de la Côte d’Azur, on salue la levée des tabous…

Bonjour Nini ! Comme d’habitude, s’il vous plaît. »

Mandelieu la Napoule, hier midi, chez Ozamal by Flowers shop. Laura connaît le magasin. Anaïs, alias « Nini », connaît ses attentes. Pas besoin d’en dire plus. La vendeuse a attrapé un grand pot où étaient stockées des fleurs de CBD. Elle tire, pèse, puis encaisse Laura. Anaïs le sait, Laura préfère le mélange de fond, quatre fois moins cher que la fleur elle-même, vendue 10 euros le gramme.

C’est ainsi que Laura achète chaque semaine du cannabidiol (CBD), cette substance non psychotrope dérivée du cannabis. Et ce, dans un magasin propre aux airs de parapharmacie, avenue Janvier-Passero, avec une vitrine et un cadre légal enfin clarifié.

« Avant, je fumais du THC, qui est illégal, explique Laura, la cinquantaine. Grâce à la consommation de CBD, j’ai pu arrêter le cannabis très facilement. Je le prends en infusion, une à deux fois par jour. C’est apaisant, ça stabilise et soulage la douleur. J’ai même arrêté de fumer ! »

Du jeune actif au « petit papy »

Derrière son comptoir, Anaïs voit des clients « de 18 à 90 ans ». Les jeunes adultes qui utilisent le CBD pour soulager « le stress et l’anxiété ». Ou encore cette maman, la quarantaine, qui remplaçait le THC qu’elle consommait depuis ses 15 ans. Ou encore des retraités, comme ce « petit papy » avec sa canne qui faisait une cure d’huile de CBD « pour soulager ses douleurs ». Tous ont opté pour « une approche naturelle et thérapeutique », selon Anaïs. L’objectif : « Qu’ils soient soulagés.

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Soulagés, les vendeurs de CBD sont également soulagés. Le 22 décembre, le Conseil d’État a joué le Père Noël avant l’heure. D’un trait de plume, il a biffé le décret gouvernemental interdisant la vente de fleurs et de feuilles de CBD. Autrement dit, feu vert au commerce légal, et non plus dans un entre-deux un peu enfumé.

« C’est super ! C’est le fruit d’un combat de longue haleine », se réjouit Anthony Mamone, qui a fondé Flowers shop en 2019. Il était « considéré comme un trafiquant », « a été en garde à vue alors qu’en Europe, ces produits étaient considérés comme tout à fait légaux ». avec un taux de THC inférieur à 0,2 ou 0,3%. Désormais, la vente de fleurs et de hasch est autorisée jusqu’à 0,3% de THC. Et ils veulent définitivement légaliser le cannabis et le hasch brut à 1%, comme en Suisse ! »

De la Suisse à la Côte

Suisse, Anthony Mamone est là cette semaine. Son entreprise, rebaptisée Ozamal par Flowers shop, possède une parcelle dans une vaste plantation de cannabis du canton du Valais. C’est là que ses références florales sont cultivées. Un transporteur privé les livre dans ses magasins de Mandelieu ou de Mouans-Sartoux, et les diffuse dans une quarantaine de points de vente. Le reste des plantes va au laboratoire en Suisse pour y être traité.

Ce sont ces produits que l’on retrouve dans les rayons de Mandelieu. Huiles, cristaux, crèmes, baumes, bonbons… Ils contiennent une infime quantité de THC, voire pas du tout. Et tous sont dérivés du CBD. Pour Anthony Mamone, le Conseil d’Etat a confirmé que « ce n’était pas une substance dangereuse. Ils reconnaissent ses bienfaits ».

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Enzo, la vingtaine, est l’un de ses disciples. « Ça m’a permis d’avancer dans ma vie », confie ce gérant d’un bar-tabac à Cannes. L’huile de CBD a calmé ses crises d’eczéma. Au-delà, la consommation a « évité tous les inconvénients du cannabis. On sait ce qu’on consomme, d’où ça vient. C’est comme une séance de yoga ! Je ne me vois pas trop m’en passer… »

« Sans plus avoir peur »

Troubles du sommeil, troubles digestifs, règles douloureuses, maux de tête ou encore cancers… Anthony Mamone vante « les résultats incroyables du cannabis thérapeutique » pour « soulager les maux », y compris ceux liés à des pathologies graves. L’avis favorable du Conseil d’Etat lui permettra de « déployer ses produits sans crainte ». Une vingtaine de vendeurs démarcheront pharmacies et buralistes. Un nouvel élan pour le CBD.

Faut-il aller plus loin, comme le préconise le Conseil économique et social, avec une « légalisation encadrée » du cannabis ? Enzo est pour. Laure aussi. « Ça va dans le bon sens. Je reste persuadé que la prohibition incite à la consommation. A partir du moment où vous supprimez cette barrière, vous supprimez cette effervescence. A terme, je pense qu’on y arrivera. Et cela résoudra une partie des problèmes en France. » «