Cannabidiol : ce qu’il faut oser demander et savoir…

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Cannabidiol : ce qu’il faut oser demander et savoir

Communiqué de presse de l’Académie nationale de médecine

Dans le chanvre (Cannabis sativa), il existe de nombreux cannabinoïdes dérivés du même précurseur, le cannabigérol (CBG). Des enzymes spécifiques convertissent le CBG en d’autres molécules dont les plus connues sont le tétrahydrocannabinol (THC), important psychotrope addictif du cannabis, et le cannabidiol (CBD), qui n’est pas addictif, mais dont les effets négatifs méritent d’être mieux connus.

Le CBD, substance active majoritairement d’origine naturelle, fait partie des phyto-cannabinoïdes. Le CBD est présent dans les fleurs de cannabis séchées et les produits de composition complexe, qui, pour être commercialisés, doivent être faibles (<0,3%) en THC (la substance la plus psychoactive du cannabis) selon la réglementation. De nombreux produits au CBD sont ainsi commercialisés : huiles, produits cosmétiques, produits alimentaires (boissons alcoolisées ou non, bonbons, tisanes) et produits à usage vétérinaire (1).

Contrairement au THC, le CBD ne relève pas de la réglementation des stupéfiants ou des psychotropes. Or, l’arrêté du 30 décembre 2021 indique que les produits contenant du CBD ne peuvent faire l’objet d’allégations thérapeutiques sous peine de sanctions pénales, sauf s’ils ont été autorisés comme médicament.[1] Au vu de la réglementation européenne sur les nouveaux aliments, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a suspendu l’évaluation du CBD dans l’attente de données supplémentaires sur la sécurité d’utilisation.

Dans le corps humain, le CBD se lie à plusieurs dizaines de récepteurs différents, dont ceux de la sérotonine et de la dopamine, et aux acides aminés excitateurs et inhibiteurs. Les données observées in vitro (cultures cellulaires) et chez l’animal ne sont pas extrapolables à l’homme en termes d’effets cliniques, thérapeutiques ou indésirables. Hormis son utilisation en thérapie adjuvante (2) à fortes doses dans les épilepsies résistantes aux médicaments, les preuves scientifiques d’un intérêt thérapeutique à l’utilisation du CBD seul font défaut.

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Souvent appelé « cannabis léger », « cannabis légal » ou « cannabis de bien-être », le CBD est censé favoriser le « bien-être », les utilisateurs signalant des utilisations pour soulager l’anxiété, le stress ou la douleur, améliorer le sommeil, voire le cannabis pour aider (riche en THC) (3). Il est donc difficile de faire la distinction entre un effet spécifique de la substance (pharmacologique) et un effet placebo.

Le CBD peut induire des effets indésirables (troubles digestifs, toxicité hépatique, somnolence, fatigue) dont la fréquence augmente avec la dose par prise et la dose journalière. Il existe également un risque d’interaction avec de nombreux médicaments, d’autant plus que la dose de CBD consommée est élevée. Une augmentation des taux sanguins de certains de ces médicaments, et donc de leurs effets secondaires, peut survenir.

Le CBD n’étant pas une substance classée comme stupéfiant, l’utilisation du véhicule n’est pas interdite. Or, les produits au CBD contiennent toujours du THC, mais en quantité variable, dont le consommateur n’est pas forcément clairement informé. En fonction de la concentration en THC, de la quantité et de la fréquence d’utilisation du produit contenant du CBD, il est donc possible que l’échantillon d’un consommateur de CBD soit testé positif au THC, lors de pratique sportive ou dans le cadre de la sécurité.

Dans le sport, les bienfaits du CBD, notamment dans les phases de récupération, ne sont pas bien établis, et ses potentiels effets négatifs comme la baisse de la vigilance ou les troubles digestifs, qui peuvent être incompatibles avec la performance sportive. Le CBD n’est pas une substance dopante. Néanmoins, son usage associé à des pratiques sportives peut, comme déjà évoqué, conduire à un test positif au THC (4).

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La National Academy of Medicine attire l’attention sur les risques liés à l’utilisation du CBD et suggère que :

– Les informations sur le conditionnement des produits non pharmaceutiques au CBD ont été améliorées : risque d’interactions médicamenteuses ; procédure de déclaration d’un effet indésirable ; les risques associés à la conduite ; Risque d’être testé positif au THC dans le cadre de la sécurité routière ou du sport ;

– Les utilisateurs sont informés de la dose en milligrammes de CBD consommée par prise, et que, si elle est supérieure à 50 mg/jour, cette prise doit être précédée, en cas de poursuite du traitement médicamenteux, par des recherches préalables, auprès d’un spécialiste de santé (médecin, pharmacien), interactions médicamenteuses possibles, et n’entraînant pas d’interruption du traitement médicamenteux ;

– avec la diversité des produits contenant du CBD, la réglementation et les conditions d’accès à ces produits sont harmonisées, afin que les utilisateurs disposent d’informations, voire d’un accompagnement adéquat, en cas d’utilisation de ces produits ;

– enfin, que la recherche explore l’hypothèse que la consommation de CBD fumé puisse constituer une conduite comportementale à l’usage de la cigarette (tabac ou cannabis).

[1] C’est notamment le cas d’un médicament contenant exclusivement du cannabidiol purifié, l’Epidyolex, autorisé en France pour diverses formes d’épilepsie pharmacorésistante, et qui relève de la réglementation des substances toxiques.