Christophe Bex, député LFI : « Il faut changer les mentalités et les…

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Christophe Bex, l’un des quatre députés de la Haute-Garonne de France Insoumise (LFI), vient d’être nommé président du groupe d’étude sur le cannabis de l’Assemblée nationale. Pour lui, il est temps d’en finir avec l’hypocrisie. En fin de compte, la légalisation peut réduire la consommation.

L’interdiction instaurée autour du cannabis est-elle toujours un dispositif pertinent d’un point de vue de santé publique, alors que la France compte le plus grand nombre de fumeurs en Europe  ?

Je dois d’abord dire que je suis contre le trafic illégal. Nous cultivons effectivement le paradoxe d’être le pays le plus répressif et celui qui consomme le plus. C’est absurde. Le but du jeu est à terme de réduire la consommation et je suis convaincu que cela passera par la dépénalisation puis la légalisation du cannabis. Mais il est nécessaire de rencontrer, d’écouter et de discuter avec toutes les personnes intéressées par cette question et, par conséquent, sur la question de l’interdiction. Un groupe d’étude a pour mission d’assurer un suivi juridique et technique et est aussi le lieu de discussions et d’échanges irremplaçables entre parlementaires de tous les partis.

La répression accapare une grande partie du travail de la police, désorganise les tribunaux, multiplie les règlements de compte et engorge les prisons. N’est-il pas temps de sortir de cette spirale socialement très coûteuse ?

Je partage ce constat. Il est temps d’arrêter la mobilisation policière à outrance dictée par la politique du nombre, cette politique est contre-productive. Il faut permettre la libération des policiers et réduire les violences liées à la traite. Ils trouveront un sens à leur travail et pourront se consacrer à d’autres missions de service public bénéfiques pour nos concitoyens. Nous devons participer à désengorger les tribunaux et les prisons et activer une politique de prévention efficace. Aujourd’hui, les élèves de sixième jouent devant les écoles. Où sommes-nous arrivés ?

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Les utilisateurs de CBD, bien que légaux, sont désormais systématiquement verbalisés lorsqu’ils sont testés positifs au volant. Comment sortir de cette situation absurde ?

Les contrôles routiers doivent être adaptés, c’est une incohérence à revoir. Tout comme nous n’infligeons pas d’amende à un conducteur expérimenté autour d’un verre de vin, nous devons pouvoir passer au CBD déjà légalisé. Le CBD n’a pas d’effet euphorisant ou addictif. Ce n’est pas considéré comme un médicament.

Dans le même ordre d’idées, les (vrais) fumeurs se voient infliger une amende au volant plusieurs jours après avoir consommé un joint, l’effet psychotrope ayant disparu depuis longtemps. Le seuil de pénalité ne devrait-il pas être révisé ?

Ce sera l’objet de nos discussions au sein du groupe d’étude, mais pour ma part, évidemment, je suis favorable à la sortie de cette mesure qualifiée d’hypocrite.

Comme pour la vigne et le vin, peut-on imaginer une production légale de cannabis, contrôlée par les services étatiques, qui contournerait les réseaux et trafics internationaux  ?

Un collectif « police contre la prohibition »

C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis favorable à une modification de la loi. Cela aurait de multiples effets vertueux pour l’État, tant en termes de sécurité intérieure que de politiques de santé publique. La prévention ne peut pas se faire avec une substance illégale, ce qui est problématique compte tenu du nombre de personnes qui avouent en consommer. On peut y ajouter l’argument économique  : ce sont des milliards d’euros qui alimentent les économies « souterraines  » du pays et les réseaux de trafiquants. Il faut faire la lumière sur ce sujet trop longtemps resté dans l’ombre. Beaucoup de nos dirigeants ont fumé au moins une fois dans leur vie. La société évolue. Il y a quelque chose à faire aujourd’hui.

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