40% des ouvriers d’usine trouvent que leur employeur ne se soucie pas de leur bien-être. (Photo : Sam Moghadam Khamseh pour Unsplash)
TRAVAIL TERMINÉ! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos questions les plus pointues [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, ses bizarreries. Date à lire les mardis et jeudis. Veux-tu participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
M. – « Dans les magazines, il y a mille astuces pour améliorer le bien-être des salariés, comme faire du yoga ou de la méditation. Mais cela ne correspond pas à la réalité du travail en usine ! Chez eux, les deux tiers des salariés – majoritairement des hommes – travaillent huit heures par jour dans l’usine, avec seulement deux demi-heures de pause. Ils doivent enlever leurs vêtements de travail s’ils veulent sortir. Dans ces conditions, comment leur proposer des activités susceptibles d’améliorer leur bien-être ? Je ne vois vraiment pas… » – Émilie
R. – Chère Émilie, j’ai une bonne nouvelle pour vous : il existe en effet de nombreuses pistes à explorer pour améliorer le bien-être des personnes qui travaillent dans les usines. Et pour identifier les plus intéressantes pour vous, il faut commencer par savoir… ce que veulent les travailleurs en question !
Il s’avère que la société de sondage d’opinion Ipsos a mené une enquête sur ce sujet au Canada pour le compte de la société de services d’intérim et de ressources humaines Randstad, début 2022. Il semble que:
– Seuls 40 % des ouvriers d’usine trouvent que leur employeur se soucie vraiment de leur santé et de leur bien-être au travail. Pire, ce même pourcentage chute à 34 % lorsque seules les femmes sont prises en compte.
– Ce qu’ils souhaitent presque tous, c’est avant tout un coup de pouce financier pour les aider à améliorer leur santé. Cela peut entraîner le remboursement d’une partie de leur abonnement à une salle de sport ou à toute autre activité sportive. Mais cela pourrait aussi signifier l’accès aux services de télésanté pour toute la famille, suggèrent-ils. Soit par d’autres types d’avantages, comme un entraînement santé personnalisé (nutrition, fitness, etc.).
– Un tiers (30 %) des ouvriers d’usine tirent la sonnette d’alarme : ils ont besoin d’un soutien en santé mentale, et malheureusement ils ne l’obtiennent pas. Il faut donc mettre l’accent sur ce point, par exemple en offrant des services de consultation virtuelle, des programmes de formation en santé mentale ou des ateliers de mieux-être.
– Un quart (25 %) des ouvriers d’usine disent souffrir de stress financier et aimeraient que leur employeur leur offre des services de planification financière. Cela pourrait se résumer à des ateliers de planification financière ou à des séances avec un planificateur financier. L’idée est d’aider, entre autres, à faire un budget, à se fixer des objectifs financiers réalistes ou à élaborer un plan de retraite solide.
Ce sont donc des voies prioritaires pour toi, Emilie, toi qui veux améliorer le bien-être des ouvriers de ton usine. Cependant, cela ne doit pas vous empêcher d’en explorer d’autres !
Voici trois suggestions concrètes :
– Fournir un environnement propre et agréable. Car, quel que soit le lieu de travail, il y a toujours place à l’amélioration en termes de propreté et de qualité de vie : ventilation, éclairage, plantes vertes dans les espaces communs, etc.
– Concentrez-vous davantage sur l’ergonomie. Il convient de faire analyser régulièrement par un expert l’ergonomie des différents postes de travail, et d’apporter les améliorations nécessaires ainsi identifiées. La santé et le bien-être des travailleurs, et donc leur performance au travail, sont menacés.
– Assurez-vous d’innover en fonction des suggestions des employés. Car ces derniers sont, au fond, les mieux placés pour indiquer ce qui les fait vraiment se sentir bien au travail. Un exemple impressionnant : l’usine Biscuits Leclerc de Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec, possède un gymnase et un centre d’entraînement depuis 2012. Ses collaborateurs – et leurs familles – y ont accès à tout moment et gratuitement. Il y a une salle de squash, une autre pour la musculation et une autre dédiée aux exercices cardio. Il est même possible d’accéder aux services d’un kinésiologue, embauché à temps plein. Cerise sur le gâteau : la haute direction offre à chaque salarié un sac contenant des vêtements de sport.
Bref, Emilie, ne désespérez plus, il existe un moyen d’améliorer le bien-être des ouvriers d’usine. A condition de répondre à leurs besoins spécifiques, et d’OSER innover !