Entretien avec Alexandre Lacarré, fondateur de Phytocann.
En mai dernier, nous vous avions déniché l’actualité la plus insolite : Booba commercialise une nouvelle variété de cannabis : le B-45. Une nouvelle également appréciée des lecteurs de La Réclame (top 5 des articles de l’année), tellement appréciée que nous souhaitons aujourd’hui aller plus loin, en invitant Alexandre Lacarré, fondateur du groupe Phytocann, leader du CBD et acheteur de Collectible . banque de graines de THC Silent Seeds, pour notre section Annonceurs.
Dans cet entretien, il détaille comment son groupe basé en Suisse et fort de 100 millions d’euros fait progressivement son chemin vers l’Europe avant une éventuelle introduction en bourse et le recrutement de « 1000 marchands légaux » en France.
Est-il facile de faire apparaître des marques (Ivory, Kanolia, Easy Weed, Buddies, etc.) dans le cadre de l’évolution de la loi CBD ?
Alexandre Lacarré : Le premier problème quotidien pour nous est lié à la banque. Ils nous ont mis sur la route. Le CBD est toujours un sujet intéressant pour eux.
Pour faire connaître notre marque aux consommateurs, nous privilégions un discours pédagogique sur le CBD, car ses bienfaits sont moins connus, voire perçus négativement.
Êtes-vous autorisé à faire de la publicité CBD? Est-ce en ligne, à la télévision ou dans les médias ?
AL. Malheureusement, nous ne sommes pas autorisés à acheter des publicités sur Google Ads ou Facebook Ads. Sur Snapchat, c’est compliqué aussi. Nous nous appuyons donc sur le référencement naturel, les relations publiques et la notoriété de la marque B to C. Nous avons su faire la promotion via la presse spécialisée ou à la radio.
Il n’y a pas de publicité télévisée pour CBD, ce sera généralement par le biais de parrainage de programmes. Mais ce n’est pas d’actualité pour nous, car notre rôle pour le moment est avant tout pédagogique : nous n’inciterons pas les gens à acheter du CBD sans leur expliquer la substance, ce n’est pas ainsi que nous fonctionnons.
Nous préférons construire notre communauté d’abord, déjà implantée en France dans d’autres lieux.
Les collaborations avec des influenceurs sont encore rares, car certains ne veulent pas que leur image soit associée à des fleurs de CBD encore agaçantes à fumer.
La France est-elle votre principal marché ?
A.L. : Oui. La France est le principal marché du CBD en Europe. Parmi les produits les plus vendus, on trouve des fleurs, des résines (donc à fumer) et des huiles. [NDLR : Phytocann commercialise également des cosmétiques, des boissons et des snacks à base de CBD]
Vous avez dit vouloir « devenir la Pomme du CBD ». Comment comptez-vous y parvenir ?
A.L. : Quand j’évoquais Apple, ce n’était pas pour le monopole qu’ils ont aujourd’hui dans le monde, mais plutôt dans l’esprit du magasin et du design. Rendre une innovation utile simple, et surtout accessible au plus grand nombre.
Parlez-nous de votre opération de mai dernier avec Booba pour la commercialisation de B-45
A.L. : Ma compagne et Booba se sont rencontrés aux Bahamas et se sont bien entendus. Nous sommes amenés à échanger et la collaboration se fait naturellement. Il nous a dit dès le début que le CBD pour lui « c’est Champomy », et qu’il voulait quelque chose « qui lui va ». Nous dirigeons ensuite notre partenariat vers Silent Seeds, notre banque de collecte de graines de cannabis, qui une fois cultivée, contient du THC. Cette activité correspond à la zone grise de la législation, ce qui nous permet d’opérer en toute légalité.
Booba avait l’habitude de tout gagner dans le domaine musical. Il veut le meilleur pour notre coopération. Il a été séduit par notre proposition de croisement, la force de sa teneur en THC (30 à 32%) et le fait qu’il s’agit d’une « génétique » unique, qui ne serait jamais commercialisée autrement sous le nom de B-45 par Booba. .
Avant de faire le communiqué, Booba a fait un petit teaser sur le réseau. Cela a immédiatement fait son chemin dans les médias, dont certains ont cru que Booba était sous CBD. Ce qui est faux, mais au moins ils parlent de nous. Puis nous diffusons une bande-annonce animée – créée par l’équipe Booba – et un package exclusif à l’image. Nous avons vu grand et cela a fonctionné !
Quelles sont les retombées de ce coup de pub ?
A.L. : Nous sommes envoyés par environ 200 médias en Europe. J’ai été très surpris de voir le succès de l’annonce en Allemagne, aux Pays-Bas et en Espagne.
Pouvez-vous faire de la publicité pour Silent Silent (dont les graines une fois plantées produisent du THC) ?
A.L. : Il existe des médias spéciaux où nous pouvons légalement faire de la publicité. Mais la stratégie la plus efficace est d’être au plus proche de nos clients : nous sommes présents dans tous les magasins qui vendent des graines de cannabis, il y a près de 800 magasins en Europe.
Vous avez dit que vous passiez « la plupart de [votre temps] à essayer de faire progresser notre industrie ». Comment voyez-vous cela dans 5 ans ?
A.L. : C’est compliqué de faire avancer les choses. La France n’aide pas le marché actuel du CBD, potentiellement parce qu’il est associé à tort aux effets psychotropes du THC. Mais la France n’aura potentiellement plus le choix à terme : le pays sera entouré de pays ayant légalisé la production et la vente de CBD.
Aux États-Unis et au Canada, il y a d’énormes investissements dans l’industrie du CBD. Mais il a été surfinancé, une somme folle a été dépensée et il ne reste plus grand-chose. Nous entrons maintenant dans la partie difficile, seules les entreprises dirigées par de vrais entrepreneurs survivront.