Les promotions de produits cosmétiques ne sont pas réglementées comme c’est le cas pour l’alimentation. Le déchiffrement de Fanny Guinochet
Vous l’avez sans doute remarqué, mais les rayons hygiène des grandes surfaces font la course aux promotions pour les shampoings, gels douche… Et cela ne plaît pas aux industriels du secteur. La fédération des entreprises de la beauté réclame l’ouverture de nouvelles négociations commerciales avec les distributeurs, c’est-à-dire les supermarchés Leclerc, Système U, Carrefour et autres, pour qu’ils augmentent les prix. Le secteur des cosmétiques a été le plus durement touché par la hausse des prix des matières premières : l’exemple le plus notable est l’huile utilisée dans la formulation de nombreuses crèmes, dont le prix a augmenté de plus de 60 %. Et encore si nous trouvons quelque chose ! Ces entreprises de la beauté – dont plus de 60% sont des PME – doivent également tenir compte de l’augmentation des coûts de transport et d’emballage. Ils se disent sous pression : d’une part, leurs coûts de production augmentent et d’autre part, leurs prix de vente baissent.
Pour ces produits, les promotions ne sont pas réglementées comme c’est le cas pour les aliments. Depuis la loi Egalim, les supermarchés n’ont plus le droit de vendre des produits comme les fraises, le riz ou les pâtes à des prix trop bas. Mais ils peuvent casser le prix des crèmes, shampoings, gels douche.
Résultat : dans un contexte d’inflation, les produits d’hygiène destinés aux supermarchés deviennent des gondoles pour attirer les clients. Pour protéger leurs prix, les professionnelles de la beauté demandent à être traitées comme de la nourriture, mais il y a un blocage. Il est clair que les détaillants ne veulent pas de contrôle des prix. Le gouvernement est également appelé à l’aide. Un gouvernement un peu coincé : difficile de demander des hausses de prix quand il essaie aussi de protéger le pouvoir d’achat des ménages, même si des emplois sont en jeu. La filière cosmétique représente 160 000 emplois directs en France.
Quant à mettre en place un système comme la loi Egalim pour les cosmétiques, ce n’est pas facile ! La loi Egalim sur l’alimentation visait à protéger les revenus des agriculteurs. Pas sûr qu’elle trouve le même écho pour l’industrie cosmétique. Pour l’instant, le gouvernement joue le rôle de médiateur en mettant les deux parties autour de la table pour trouver un juste milieu. Le vendredi 1er juillet, c’est aussi la première rencontre entre les grandes marques et les représentants du secteur.