Cette fois c’est la bonne. En avril dernier, la plateforme d’investissement immobilier fractionné Bricks.co annonçait fièrement avoir levé 20 millions d’euros auprès de 165 000 personnes. Problème, cette levée de fonds participative ne rentre dans aucun cadre légal car elle distribuait des royalties et non des parts.
« L’AMF [financiers l’Autorité des marchés, NDLR] nous a dit que les redevances ne dépendaient pas de leur juridiction car ce ne sont pas des titres financiers », explique Cédric O’Neill, le fondateur de la jeune pousse. Contactée, l’AMF s’est refusée à tout commentaire.
Les start-up ont donc deux options : se conformer en offrant des actions mais en plafonnant la levée à 8 millions – comme l’exige la réglementation – ou rester soumises aux redevances sans être régulées.
42 biens immobiliers financés
C’est la première option qui a été choisie et qui a permis de récolter 8 millions d’euros auprès de 8 700 particuliers. « Nous avons tous dû signer à nouveau les documents et rembourser les investisseurs au prorata. Certains d’entre eux n’ont pas voulu participer et ont été intégralement indemnisés », raconte le dirigeant.
Parallèlement à cette opération, Bricks.co a bouclé un tour de table de cinq millions d’euros auprès de business angels, dont Tony Parker. Le basketteur français a déjà investi dans plusieurs startups françaises dont Colizey, une place de marché d’articles de sport, aux côtés de son compatriote champion Teddy Riner. Il était aussi le visage de proptech. « Il adore l’immobilier et notre envie d’aller aux Etats-Unis », raconte Cédric O’Neill.
A ce jour, Bricks.co a permis à 50 000 personnes – dont 80% ont moins de 30 ans – d’investir principalement en France. Sur les 42 biens financés (pour un total de 50 millions d’euros), trois sont situés au Portugal. « Il y a de meilleures opportunités au Portugal qu’en France », souligne le dirigeant.
Pour s’adresser aux investisseurs européens, Bricks.co a demandé un nouvel agrément européen, un statut qui sera obligatoire fin 2023 pour les activités de financement participatif sous forme de souscription de titres. Il y a encore très peu de plateformes, comme le britannique Crowdcube, qui ont ce Saint Graal à ce jour.
Plus de prêt bancaire
En 2023, Bricks.co proposera les maisons américaines. Le marché évolue encore outre-Atlantique, avec quelques petits acteurs dont RealT et Fractionnal. « Pour une fois, les Etats-Unis ne sont pas loin devant », estime Mathias Flattin, qui dirige le fonds de proptech Axeleo Capital.
Si le modèle Bricks.co peut s’exporter, il a en revanche été ébranlé par la hausse actuelle des tarifs. Pour financer l’immobilier, la jeune pousse fait appel aux particuliers et complète avec un prêt bancaire pouvant aller jusqu’à 50%. « Nous ne pourrons plus faire levier sur la banque et collecter 100% auprès des investisseurs », explique Cédric O’Neill. Depuis le lancement de son activité, Bricks.co affirme que Bricks.co a généré près de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires (elle prélève une commission de 10 %) et affirme avoir été rentable dès le premier jour.