Dépression : 9 symptômes, durée, comment s’en sortir ?

Moral en berne, désintérêt… La dépression est une maladie qui touche ou touchera au moins une fois 1 personne sur 5 en France. Surtout les femmes. Dans 60% des cas, cet état dépressif est traité par la prise d’antidépresseurs.

Mauvaise humeur, désintérêt pour les activités qui procurent habituellement du plaisir, sentiment de culpabilité et/ou faible estime de soi. La dépression est une véritable pathologie. En France, selon l’Inserm, 1 personne sur 5 a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie. Avec l’anxiété, c’est le trouble de l’humeur le plus courant. La dépression est aussi le trouble psychologique qui a connu le plus grand essor ces dernières années, au point que la consommation d’antidépresseurs a explosé. Un état dépressif peut avoir un impact sur le sommeil et l’alimentation et provoquer des pensées suicidaires. La psychothérapie accompagne souvent le traitement médicamenteux. Décryptage de la dépression avec notre psychiatre.

Quelle est la définition médicale de la dépression ?

Quelle est la définition médicale de la dépression ?

La dépression est un trouble de l’humeur. Elle se caractérise par une profonde tristesse, un désespoir, un manque d’envie de vivre, un repli sur soi, une perte d’intérêt et de motivation pour les activités quotidiennes, un changement de comportement et un ralentissement mental et moteur pouvant conduire dans les cas les plus extrêmes au suicide. La vraie dépression, aussi appelée épisode dépressif majeur, n’est pas qu’un sentiment de tristesse qui dure quelques jours. Elle se traduit par une série spécifique de symptômes, se manifestant sur un minimum de deux semaines et pouvant durer plusieurs semaines, mois voire années.

Quelle différence entre dépression et déprime ?

Quelle différence entre dépression et déprime ?

De nombreuses personnes connaissent des épisodes dépressifs plus courts, liés à des facteurs déclenchants comme la mauvaise saison, le décès d’un proche ou encore un baby blues. Mais le mot « dépression » est entré dans le langage courant et ne se réfère pas toujours correctement au trouble dépressif. Par exemple, la tristesse et l’abattement consécutifs à un deuil ne sont pas toujours dépressifs, même s’ils durent plusieurs semaines. De même, des sentiments fugaces de mélancolie et de perte d’enthousiasme ne constituent pas nécessairement une dépression, mais plutôt une simple phase de dépression qui disparaîtra spontanément. Le terme « dépression » désigne ici un état transitoire, indiquant une réactivité normale de l’individu à son contexte de vie. C’est en fait la dépression et non la dépression qui est une vraie pathologie car elle dure.

Qu’est-ce que la dépression chronique ?

Qu'est-ce que la dépression chronique ?

Lorsque la dépression dure au moins 2 ans, on parle de dépression chronique. Si elle est traitée par antidépresseurs et psychothérapie, une hospitalisation en milieu psychiatrique est parfois nécessaire.

Qu’est-ce qu’une dépression réactionnelle ?

Qu'est-ce qu'une dépression réactionnelle ?

La dépression réactive est une forme de dépression causée par un événement important ou une pression psychologique excessive. Cela peut être la conséquence d’un deuil, d’un accident, d’un problème professionnel… ou même parfois d’événements qui peuvent sembler anodins. Les personnes en dépression réactive sont sujettes aux pleurs intempestifs, aux troubles du sommeil et présentent les symptômes de la dépression classique : tristesse, perte d’intérêt et de motivation, repli sur soi, ralentissement mental et moteur, changements de comportement. La dépression réactive est généralement traitée par des antidépresseurs, complétés par un traitement psychothérapeutique.

Qu’est-ce qu’une dépression post-partum ?

Qu'est-ce qu'une dépression post-partum ?

Alors que de nombreuses mamans peuvent ressentir le baby blues après l’accouchement (jusqu’à 70% peuvent être touchés), il ne faut pas le confondre avec la dépression post-partum. « Dans le premier cas (baby blues), les jeunes mamans sont tristes, ont des crises de larmes soudaines, elles sont irritables, parfois insomniaques et anxieuses, des symptômes qui apparaissent entre un et trois jours après la naissance et disparaissent spontanément au bout de deux semaines », précise le Dr. .Lemoine. Dans le cas de la dépression post-partum, les symptômes sont une tristesse profonde et durable, un désintérêt quasi total pour les activités quotidiennes, des insomnies, de l’irritabilité et de l’anxiété, une fatigue permanente ainsi que de l’interaction entre la mère et l’enfant. Elle touche 10 à 15 % des mères et survient environ 4 à 6 semaines après l’accouchement. « Une psychothérapie associée à la prise d’antidépresseurs sera le traitement de base. Si nécessaire, une hospitalisation en unité parents-enfants pourra être proposée », précise le Dr Lemoine.

Qu’est-ce qu’une dépression saisonnière ?

Cet épisode dépressif, qui touche plus souvent les femmes et les enfants, survient généralement à l’automne ou au début de l’hiver et dure jusqu’au printemps. Elle est causée par une diminution de la lumière naturelle. « Les symptômes sont ceux d’un épisode dépressif : tristesse permanente, perte d’intérêt pour les activités quotidiennes, boulimie sucrée, hypersomnie, somnolence et fatigue intense au réveil, explique le Dr Lemoine. Ces principaux changements peuvent également être associés à une baisse de la libido, prise de poids, irritabilité et dévalorisation de soi. Il existe une thérapie spécifique pour enrayer cela : la luminothérapie. « Elle consiste à s’exposer à une lumière forte, proche de celle du soleil, précise notre experte. Les séances durent une demi-heure. Mais les lampes de luminothérapie sont aussi disponibles dans le commerce ». Des séances de psychothérapie peuvent compléter le protocole de soins.

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Quels sont les 9 symptômes d’une dépression ?

Selon l’OMS, neuf symptômes expriment la dépression. Ils varient d’un individu à l’autre. Pour les patients présentant entre 5 et 7 symptômes, la dépression est considérée comme légère à modérée. Au-delà de 8, elle est dite sévère. Le ralentissement lié à l’état dépressif persiste longtemps, plus de 15 jours. Parmi eux :

La dépression infantile est généralement plus forte qu’à l’âge adulte dans la mesure où elle est associée à des problèmes de comportement. Les difficultés scolaires, les phases d’agitation et de retrait, l’irritabilité, les crises de colère, l’isolement sont souvent des motifs de consultation. À l’inverse, il est difficile de diagnostiquer la dépression chez les personnes âgées. En fait, les changements de comportement tels que l’irritabilité, l’anxiété, les plaintes corporelles sont également liés à l’âge. Se replier sur soi, se sentir triste et se plaindre peut en effet sembler normal à cet âge. Pourtant ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère car la dépression ne serait pas diagnostiquée dans 40% des cas.

Quelles sont les causes et facteurs de risques de la dépression ?

► Il existe des facteurs de risque héréditaires, mais plusieurs facteurs sont associés au déclenchement d’un épisode dépressif. Selon l’Inserm, un individu dont l’un des parents est dépressif a deux à quatre fois plus de risques d’être lui-même déprimé au cours de sa vie. Surtout si le parent a développé un premier épisode dépressif avant l’âge de 20 ans. En moyenne, le premier épisode dépressif majeur survient vers 35 ans.

► Le sexe est également un facteur de risque de dépression : les femmes souffrent deux fois plus de dépression que les hommes. Et pour cause, les périodes de changements hormonaux comme la puberté, le cycle menstruel, la grossesse (baby blues), et surtout la ménopause, affectent l’humeur. Dans ce dernier exemple, la ménopause correspond en effet à une étape existentielle majeure, au cours de laquelle la femme doit accepter l’idée qu’elle n’aura plus d’enfant. Cela peut provoquer de profonds bouleversements psychologiques qui, selon les cas, peuvent être compensés par des traitements hormonaux.

« Dans 60% des cas, les états dépressifs sont traités par la prise d’antidépresseurs »

► L’adolescence est une période à risque. C’est une période de transition, marquée par des sentiments d’échec, de regret et de désillusion. L’adolescent doit en effet renoncer à ses rêves d’enfant et se confronter à la réalité de l’âge adulte. C’est pourquoi des états dépressifs plus ou moins graves y sont fréquents. Mais le trouble dépressif de l’adolescent peut passer complètement inaperçu, surtout lorsqu’il prend d’autres formes que celles rencontrées chez l’adulte (dévalorisation, pessimisme, etc.). Elle se manifeste alors différemment : conflit avec l’autorité (scolaire, parentale), conduites à risque (toxicomanie, alcool, fugue), troubles psychosomatiques, troubles de la sexualité, etc. Tous ces états peuvent masquer une dépression sous-jacente mais réelle.

Quels sont les traitements pour soigner une dépression ?

La volonté seule ne suffit pas pour sortir d’une dépression car elle provoque des pensées négatives sur soi. Le traitement de la dépression comporte deux volets complémentaires (médicamenteux et psychologique) et intervient à deux niveaux : sur le cerveau par la médication, et sur le psychisme par la parole. Elle est parfois longue, afin d’éviter le risque de récidive. De nombreuses études ont confirmé l’efficacité pour 80% des patients de l’association médicament-psychothérapie. De plus, la dépression étant complexe, il n’existe pas de méthode unique. La prise en charge dépend notamment de la sévérité de la dépression. Une dépression légère ne sera pas traitée de la même manière qu’une dépression sévère et encore moins qu’une dépression résistante. Cela dépend aussi du désir et de la personnalité de la personne déprimée. C’est au cas par cas.

Le traitement psychologique de la dépression

Travailler sur soi permet d’identifier les causes de la maladie, de favoriser la guérison et d’éviter les rechutes. « De nombreuses études ont prouvé l’efficacité de cette thérapie, assure le Dr Lemoine. Elle apporte une écoute bienveillante, permet de mettre des mots sur la douleur et de lutter contre les pensées négatives et d’autodérision. » Les séances doivent être régulières, environ une ou deux séances par semaine pendant plusieurs mois selon la sévérité des symptômes.

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Le traitement médicamenteux de la dépression

« Dans 60% des cas, les états dépressifs sont traités par la prise d’antidépresseurs », précise le Dr Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon. Ce sont des psychotropes dont le rôle est de faire disparaître les troubles de l’humeur. En cas de dépression majeure, leur prise peut être recommandée. « Ils apportent un soulagement après deux à trois semaines de prise, précise le Dr Lemoine. Mais parce qu’ils ont des effets secondaires importants (troubles du rythme cardiaque, troubles sexuels, vertiges, etc.), ils ne sont prescrits que pour une durée, n’excédant pas 4 à 6 mois ». A savoir : le médecin peut prescrire en début de traitement un anxiolytique pour diminuer les angoisses liées à la dépression. Il s’agit d’une ordonnance temporaire. En fait, les anxiolytiques ne doivent pas être pris plus de quelques semaines. Au-delà, leur action est diminuée et le risque de dépendance physique est réel.

Les traitements naturels de la dépression

Les conseils ci-dessous ne remplacent pas les conseils d’un médecin ou d’un pharmacien. Si les symptômes persistent ou s’ils s’aggravent, vous devez consulter rapidement votre médecin. Le millepertuis est un antidépresseur naturel, utilisé en cas de fatigue chronique et comme stabilisateur de l’humeur. Plusieurs études placebo en double aveugle comparent même le millepertuis à certains antidépresseurs synthétiques, moins les effets secondaires. La Rhodiola favorise la concentration. Il agit sur la fatigue cérébrale en stimulant les fonctions cognitives et sur la fatigue physique en améliorant le tonus. Il réduit également l’anxiété et la dépression légère, combat la fatigue générée par le stress. Une étude de 2005 a comparé les effets du safran au Prozac et a trouvé qu’il était tout aussi efficace, moins les effets secondaires ! La raison ? Il possède deux substances, le safranal et la crocine, qui stimuleraient la production de sérotonine, un neurotransmetteur dont le rôle est d’équilibrer le système émotionnel. Une demi-pincée suffit pour bénéficier de ses effets antidépresseurs.

Quel est le risque de récidive ?

La dépression peut disparaître spontanément en 6 et 12 mois. Mais il annonce souvent une récidive. Selon l’Inserm, cela survient dans les 5 ans qui suivent dans 50 à 80 % des cas. Le risque augmente avec la répétition des épisodes : 70 % des personnes qui ont vécu deux périodes de dépression en présenteront une troisième, 90 % de celles qui en ont subi trois en affronteront une quatrième. Cependant, plus il y a de récidives, plus la dépression est grave. Au total, on estime que le nombre moyen d’épisodes dépressifs majeurs au cours d’une vie est d’environ 5. Mais il existe des variations considérables entre les individus. Certains ne développeront le trouble qu’une ou deux fois; d’autres vivront avec elle toute leur vie. On note ainsi une moitié de guérison définitive et un tiers de guérisons partielles. Pour une personne sur cinq, l’évolution de la dépression sera chronique.

Dépression et suicide : le risque majeur

La dépression est la première cause de suicide. Selon un rapport de l’Académie de médecine, le risque de suicide est multiplié par 21 en cas de dépression. Au final, entre 5 et 20 % des patients commettent une tentative ou adoptent un comportement suicidaire (prise de risque, autodestruction, mutilation…). Le risque de mortalité est particulièrement élevé lorsqu’il existe des antécédents dans la vie du patient ou dans la famille, lorsque la dépression a été déclenchée par un deuil ou une séparation, lorsque la personne déprimée est en situation de dépendance toxicologique (alcoolisme, drogues).

Parmi les solutions pour se sentir mieux et éviter la dépression :

Aider un proche qui souffre de dépression

Au moindre doute, si vous constatez qu’un proche a changé, il est indispensable de lui faire admettre son état et son besoin de soins. L’objectif est qu’il consulte, idéalement un spécialiste, psychiatre ou psychologue clinicien. Sinon, il peut d’abord consulter son médecin généraliste, généralement bien formé au problème de la dépression. Si nécessaire, ce dernier prescrit des antidépresseurs, qui serviront à sortir la tête de l’eau pour pouvoir commencer à travailler avec un psychothérapeute ou un psychologue dans un second temps. Il est important de ne pas laisser la situation empirer.

Sur le forum santé : discussions sur la dépression

► 1 personne sur 5 souffre de dépression en France.

► La tristesse, le désespoir, le manque d’envie de vivre, le repli sur soi sont des signes évocateurs de dépression.

► Le premier épisode dépressif majeur se situe généralement vers 35 ans.

► Les femmes souffrent de dépression deux fois plus que les hommes.

► Le risque de suicide est multiplié par 21 en cas de dépression.

Merci au Dr Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon.