Des actions efficaces pour barrer la route au cancer : ce que les médecins…

Instaurer un télésuivi personnalisé à domicile

S’ils peuvent être pris à domicile, certains anticancéreux oraux ont parfois des effets secondaires qui conduisent à l’arrêt du traitement, avec le risque de voir la maladie s’aggraver. D’où l’intérêt d’un suivi à distance orchestré par des infirmières coordinatrices. « Personnalisé, rassurant, réactif, ce dispositif allie numérique et humanité. Il améliore la qualité des soins et l’expérience patient, et réduit les visites à l’hôpital et aux urgences, comme le confirme l’étude publiée dans Nature Medicine en 2022 », souligne le Pr Étienne Minvielle , directeur scientifique du programme The Capri en place depuis 2016 à Gustave-Roussy.

Dépister le cancer du sein encore plus tôt… grâce aux chiens

Détecté aujourd’hui par les mammographies, le cancer du sein peut être détecté encore plus tôt… grâce au style canin ! Porté par Isabelle Fromantin, infirmière-chercheuse à l’Institut Curie (Paris), le projet Kdog utilise l’odorat de chiens spécialement dressés pour détecter très précocement une tumeur sur une serviette imbibée de sueur. Fait intéressant, les premiers résultats ouvrent la voie à une nouvelle technique de dépistage non invasive, non anxiogène, bon marché, facile à faire à la maison. Une nouvelle étude débutée en 2023 vise à savoir si l’odorat du chien peut également détecter le cancer du sein dans les urines.

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Découvrir la biopsie liquide

Cette technique innovante permet, via une simple prise de sang, de rechercher des anomalies génétiques dans une tumeur afin de proposer des traitements ciblés adaptés à l’évolution de la maladie. « A Gustave Roussy, nous l’utilisons déjà dans le suivi thérapeutique du cancer du poumon. Cette technique peut permettre de personnaliser davantage les traitements et de favoriser la désescalade thérapeutique », précise le Pr Benjamin Besse, spécialiste du cancer thoracique. A l’Institut Curie, l’étude Pada-1 dirigée par le professeur François-Clément Bidard a montré qu’un tel suivi améliore les taux de survie dans certains cancers du sein métastatiques.

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Mieux vivre le cancer avec les soins de support

Très utiles pour de meilleurs traitements de support et une meilleure qualité de vie, les soins de support regroupent différents types d’accompagnement allant de l’activité physique adaptée aux conseils nutritionnels, du soutien psychologique à l’art-thérapie. Elles peuvent être associées à des thérapies complémentaires (acupuncture, ostéopathie, homéopathie, yoga, hypnothérapie, etc.), et sont pratiquées soit en milieu hospitalier, soit dans des associations telles que la Société du Cancer ou des centres de ressources. « Rien ne doit être gaspillé pour favoriser le bien-être des patients et les rendre plus forts contre le cancer, avec des soins prodigués par des thérapeutes formés aux pathologies cancéreuses ! » insiste le Dr Christelle Besnard-Charvet, spécialiste des soins de support et fondatrice du Centre Ressource Lyon. Demandez conseil à l’équipe médicale pour trouver des structures à proximité du domicile.

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Bénéficier de l’intelligence artificielle

Déjà utilisée par les radiologues, l’intelligence artificielle a intégré des services de pathologie comme le Centre de médecine diagnostique et thérapeutique de l’Institut Curie dirigé par le Dr Anne Vincent Salomon. « Plus rapide que l’œil humain, travaillant 24 heures sur 24, l’intelligence artificielle améliore les capacités des pathologistes au quotidien. Cet outil formidable permet d’améliorer le diagnostic en faisant gagner un temps précieux pour connaître la nature de la tumeur et accélérer le traitement. Elle peut également aider à adapter les traitements et à prévoir le risque de rechute.

Entreprendre une désescalade thérapeutique

Améliorer la toxicité des traitements et améliorer la qualité de vie sans diminuer l’efficacité des traitements est l’objectif de la désescalade thérapeutique. Cette nouvelle approche est en plein essor, notamment pour le cancer du sein, favorisant des interventions moins invalidantes, évitant les chimiothérapies et réduisant le nombre de séances de radiothérapie. Mené par le Dr Sofia Rivera, chef du service de radiothérapie du sein à Gustave-Roussy, le programme « 5 jours » permet aux femmes de plus de 60 ans atteintes d’un cancer du sein localisé d’être traitées en cinq jours au lieu de trois à cinq semaines. même effet, des effets secondaires légers et moins de fatigue ».

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Contourner les résistances aux traitements

Comprendre pourquoi un traitement ne marche pas sur certaines formes de cancer, et trouver des alternatives dans le but d’augmenter les chances de guérison, est l’un des grands enjeux actuels de la recherche. De nombreuses équipes s’y consacrent activement. Un institut de recherche interdisciplinaire en cancérologie, spécialisé entre autres dans l’étude des résistances aux thérapies, des récidives et des cancers de mauvais pronostic, a été inauguré à Lille fin 2022. En réunissant plus de 250 chercheurs et cliniciens, l’OncoLille vise à offrir une médecine personnalisée adaptée, un meilleur suivi et des soins plus efficaces.

Favoriser l’observance thérapeutique avec la 3D

Prescrite depuis au moins cinq ans, l’hormonothérapie s’avère souvent difficilement tolérable, au point que 40 % des femmes l’arrêtent avant la fin ou ne la prennent que périodiquement, observe l’étude Canto (Cancer Toxicities) menée par le réseau Unicancer depuis 2012. A Gustave-Roussy, l’essai Opéra, mené par le Dr Inès Vaz Duarte, oncologue, et Maxime Annereau, pharmacien, propose de les traiter avec « un seul comprimé, imprimé en 3D, à dosage personnalisé ». En associant la molécule anticancéreuse et les médicaments destinés à contrer les effets secondaires dans un comprimé « tout-en-un », cela devrait favoriser l’adhésion au traitement et réduire les rechutes.

Mieux vivre l’après-cancer

Cinq ans après la fin du traitement, six personnes sur dix souffrent encore de séquelles liées à la maladie ou au traitement reçu, souligne l’étude Vican5 lancée en 2012 par l’Institut national du cancer. La préparation au post-cancer fait l’objet de nombreuses études et innovations comme le programme Intervalle à Gustave-Roussy. « Il propose une série d’ateliers – nutrition, activité physique, sexualité, retour au travail, conseils esthétiques… -, pour un parcours d’accompagnement adapté aux besoins de chacun », explique le Dr Florian Scotté, directeur du service organisation.

Sources : Institut national du cancer (Inca), Centre international de recherche sur le cancer (Circ), Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), Gustave-Roussy, Institut Curie, Inserm, cancer-environnement.fr