« En France, le travail est mal payé et le prix est élevé », assure Thibault Lanxade, ancien numéro 2 du Medef

Thibault Lanxade, entrepreneur et ancien vice-président du MEDEF estime que les responsabilités de la pénurie de main-d’œuvre en France sont partagées. Pour lui, le capitalisme est en pleine mutation.

Hôtellerie, restauration, livraison, informatique… Plusieurs secteurs de l’économie sont dans une situation de pénurie de main-d’œuvre inédite depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Thibault Lanxade, ancien vice-président du Medef et actuel PDG de Luminess, fait également face à des difficultés de recrutement, puisqu’il doit embaucher près de 100 salariés d’ici la fin de l’année.

Selon lui, la pénurie de main-d’œuvre en France est liée à plusieurs facteurs, à commencer par les changements provoqués dans l’ère post-covid. Aux yeux de Thibault Lanxade, « ce que les salariés recherchent aussi, c’est de la flexibilité, de savoir si on va continuer à travailler à distance ou pas comme on l’a fait pendant la crise du Covid-19. De manière générale, il y a une tension autour de l’emploi de plus en plus fort, qui s’est matérialisé après les crises du COVID. Quand on est sorti de cette crise, où on leur a demandé de reprendre le travail, il y a eu un changement de comportement ».

Notamment les secteurs où les difficultés sont un facteur important « la crise du Covid-19 a fait prendre conscience à certains profils qu’ils ne souhaitaient plus travailler de la même manière qu’avant la crise du Covid-19 ». D’autres secteurs, comme l’informatique, souffrent également d’un certain manque de salariés, précise l’ancien vice-président du Medef, mais davantage en raison d’un manque de compétences et de formation.

Un chômage au plus bas, un coût du travail trop élevé

Un chômage au plus bas, un coût du travail trop élevé

Lorsqu’on lui demande s’il existe un abus de confiance entre un salarié et son employeur, Thibault Lanxade met l’accent sur la question du partage de la richesse et de la valeur au sein de l’entreprise.

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Si « 70% des salariés du secteur privé se sentent bien dans leur entreprise », le PDG Luminess estime que « nous changeons de dimension. Nous entrons dans un capitalisme qui est en train de muter et où le partage de la richesse, de la valeur est extrêmement important ». « .

Mais selon lui, l’indemnisation n’est pas la première clé. « Pour les personnes qui entrent dans l’entreprise, la rémunération n’est pas le premier critère qu’elles recherchent. Il s’agit plutôt de la qualité du travail qu’ils effectueront, s’ils continueront à progresser, si le climat social est bon, si l’ambiance de travail est sereine. Et puis vient la compensation », précise Thibault Lanxade.

Mais cette préoccupation concernant les salaires, en particulier les bas salaires, ne doit pas être laissée de côté. Or, selon lui, augmenter les revenus n’est pas chose aisée, ce qui est la faute des cotisations sociales et des cotisations patronales.

Thibault Lanxade se dit également favorable à une modification des règles d’accès et d’indemnisation du chômage, conformément aux souhaits du gouvernement. Il faudrait notamment « compenser mieux, mais dans un délai plus court », selon lui, un système qui se rapproche de la vision anglo-saxonne.

Il rappelle également que le système français d’indemnisation du chômage n’est pas tenable à ses yeux. En effet, il y a « plus de 60 milliards de dettes d’assurance-chômage. Si on veut que ce système fonctionne pour tous les salariés, il va falloir s’assurer qu’il puisse s’équilibrer ».