Face au désert médical de l’Allier, pourquoi ne pas faire un bilan de santé ?

Face au désert médical du département de l’Allier, le bilan de santé peut apparaître comme une porte de sortie pour de nombreux Bourbonnais.

Il est 8 heures du matin quand Olivier, 49 ans, entre dans les locaux de l’ISBA* à Moulins, l’association partenaire de l’assurance maladie spécialisée dans les bilans de santé. L’homme a des gaz, il n’a pas mangé. Et il est diabétique. Mais il n’avait pas le choix, il devait venir à jeun, donc l’examen s’est bien passé.

Sans médecin depuis son arrivée dans la capitale bourbonienne il y a huit mois, il obtient ça et là des téléconsultations dans les pharmacies, mais ne parvient pas à trouver un médecin qui viendra le voir. Même après avoir soigneusement répertorié et appelé tout le monde dans la région. En attendant de trouver le graal, les téléconsultations lui permettent de renouveler sa prescription pour soigner son diabète de type 2. Mais ce périple médical pourrait bien lui faire du mal. Ainsi, lorsqu’Olivier a reçu un e-mail de l’ISBA lui proposant un chèque, il a immédiatement conclu l’affaire. La vue et l’ouïe sont analysées, en plus d’une prise de sang, d’une analyse d’urine et en prévention au cas par cas, par un médecin et une infirmière Une prise de sang pour Olivier

La sécurité sociale envoie un certain nombre de profils « à risque » au centre de santé. Ce sont par exemple des personnes en situation précaire à qui ISBA adresse une proposition de bilan de santé par email, courrier ou téléphone. Olivier, après avoir exercé le métier de menuisier, a dû arrêter à cause de son état de santé il y a cinq ans. Après cet arrêt, il a vécu quelque temps dans sa voiture avant de trouver un logement à Moulins. Maintenant, il touche une petite pension anticipée. La CPAM a donc transmis ses coordonnées au centre de recherche en santé.

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Ouvert à tous et 100 % remboursé

Mais les profils non sécurisés ne sont pas les seuls bienvenus.

« Toute personne de plus de 16 ans affiliée à la Sécurité Sociale peut conclure une convention avec nous »

Anissa Bentaoune Faure (Responsable des Centres de Recherche Santé de l’Allier)

D’autant que le bilan de santé est intégralement remboursé par la Sécurité sociale. Les patients n’ont pas non plus à payer de frais. Une aubaine quand on sait que 10% des Bourbonnais n’ont pas de médecin traitant, ce qui permet des subventions plus importantes pour de nombreuses consultations.L’audition est aussi évaluée dans un appareil adapté.

Cette situation ne devrait pas s’améliorer : il y a 105,2 médecins généralistes par 100.000 habitants dans l’Allier contre 120,3 en moyenne nationale, selon la Direction générale des soins. Pire, la moitié d’entre eux ont plus de 60 ans et 17 % combineraient même la pratique médicale avec la retraite, selon l’Atlas de la démographie médicale en France. En raison de cette pénurie de médecins, chaque habitant de l’Allier a droit à une visite de contrôle qui est remboursée tous les trois ans, alors qu’il est tous les cinq ans pour les autres départements. Par ailleurs, selon Anissa Bentaoune Faure, il n’est pas rare que certains patients se déclarent une fois tous les trois ans et que ce bilan soit le seul moment où ils voient des médecins généralistes. Mais la plupart des habitants ignorent totalement l’existence de ces visites de santé 100% remboursées. C’est pourquoi on constate, surtout en milieu rural, que les gens prennent beaucoup moins soin d’eux-mêmes. Résultat : faute de détection précoce, « dans l’Allier, par exemple, il y a une surmortalité par cancer du col de l’utérus », déplore le responsable des centres de recherche.

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Le centre se déplace à la campagne

Pour tenter de pallier ce problème, l’ISBA se rend dans la campagne bourbonnaise au moins une fois par semaine dans des villages éloignés des centres urbains, comme Le Donjon et plusieurs autres communes. Mais elle dispose de deux adresses permanentes où des contrôles sont effectués chaque matin en semaine, à Moulins, rue Achille-Roche et à Montluçon, avenue Marx-Dormoy. Deux heures se sont écoulées, Olivier, le quadragénaire diabétique a fini ses examens, il a maintenant droit à un goûter.

Un café dans une main, un biscuit breton dans l’autre, il fait le point sur son carnet de santé.

J’ai évidemment bien fait de venir, je vais à l’hôpital pour quelques jours.

Son traitement du diabète est totalement dérégulé. Il était un peu méfiant : « Pendant un mois, mon taux de diabète n’était pas gérable avec ma machine car il dépassait sa limite ». Il a également perdu 8 kg en deux mois et en plus sa vision a drastiquement diminué. 4 et 6 sur 10, contre 10 sur 10 auparavant. Une conséquence possible du diabète. Quoi qu’il en soit, « depuis que j’ai vu le médecin assez inquiet, il m’est plus facile d’aller à l’hôpital pour leur demander de remettre mon traitement sur les rails ». Concernant le médecin traitant porté disparu, l’infirmière du centre d’examen préventif en a également profité pour constituer un dossier médical et écrire un courrier à l’assurance maladie pour remédier à ce problème. Elle sait que ce sera très compliqué à obtenir, mais grâce à ce dossier, Olivier sera dans les archives de la Secu. Il aura ainsi droit à une indemnité médicale au même tarif qu’avec un médecin traitant. Mieux que rien.

(*) ISBA Prévention santé : Institut de santé Bourgogne Auvergne.

L’objectif du bilan de santé : prévenir plutôt que guérir

Anissa Bentaoune Faure est responsable des centres de recherche en santé de l’Allier. Via l’association de prévention santé ISBA, l’assurance maladie permet chaque année à plus de 2 700 Bourbonnais de faire gratuitement le point sur leur santé. Environ deux heures, c’est le temps qu’il faut aux médecins et infirmiers d’ISBA Santé Prévention pour vous examiner sous tous les angles. Mais avant cet accord, vous avez du travail à faire. Quinze jours avant, vous recevrez un questionnaire assez étoffé à remplir. Ne pas paniquer :

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Vous indiquez ce que vous savez de vos antécédents médicaux et vaccinaux

Anissa Bentaoune Faure (Responsable des Centres de recherche en santé de l’Allier.)

Lors de votre visite au centre d’examen, rue Achille-Roche à Moulins ou avenue Marx-Dormoy à Montluçon, vous rencontrerez un médecin. Cela modulera la suite de l’examen en fonction du questionnaire et de vos facteurs de risque. « Si vos parents sont diabétiques et que vous êtes en surpoids, par exemple, il vous prescrira un test de glycémie, ou si vous vous êtes fait tatouer dans un salon « faible », un test de dépistage du VIH et du foie, par exemple.

Préservatifs pour les jeunes, dépliants pour prévenir des chutes pour les séniors

Le but de ce bilan de santé est avant tout la prévention. Les jeunes sont informés des risques d’infections sexuellement transmissibles et repartent avec quelques préservatifs. Un moyen de prévenir les risques sanitaires pour l’individu, mais aussi pour la société L’infirmier et le médecin donnent des conseils ciblés

Pour les personnes âgées, le médecin explique le risque de chute, comment se protéger en aménageant son logement et comment se lever. Il recommande également des palpations mammaires et peut effectuer des frottis si la patiente le souhaite. Un électrocardiogramme peut également être réalisé. « Parfois, nous appelons les services d’urgence après la découverte d’une irrégularité. » Mais rassurez-vous « 95% des contrôles se passent bien, pas de mauvaise nouvelle ». Pourtant, un ou deux porteurs du virus du sida ou une dizaine de cancers colorectaux sont encore détectés chaque année dans les centres ISBA de l’Allier.

En outre, le médecin peut également récupérer les vaccins en retard. Pour résumer, « on offre, les gens ont, ils deviennent acteurs de leur santé ». Le but de cette évaluation est de prévenir plutôt que de guérir. Et c’est à peu près la limite de la prévention.

Nous ne sommes pas là pour obliger les gens à arrêter de fumer ou à se faire vacciner, nous ne sommes pas là pour les juger.

ANISSA BENTAOUNE FAURE (Responsable des Centres de Recherche Santé Allier)

Quinze jours à trois semaines après l’examen, vous recevrez les résultats de vos analyses par courrier. Et votre médecin traitant, si vous en avez un, n’en reçoit une copie que si vous le souhaitez. De la même manière, les résultats ne sont envoyés à Sygesikringen qu’avec votre consentement.

Renseignements et rendez-vous au 27.04.26.02.02 ou à isbamoulins@isbasante.com