L’Assurance maladie veut rétablir l’ordre en téléconsultation

L’Assurance maladie veut assainir le recours aux téléconsultations, une pratique entrée dans les habitudes des Français grâce à la pandémie de Covid-19. « Il n’y avait rien avant la crise sur les téléconsultations, on est allé un peu à l’open bar ou à un mélange de Far West, a souligné Thomas Fatôme, le directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), lors d’une intervention devant une audience de responsables de l’hôpital mercredi. Il faut maintenant essayer de construire les voies d’une régulation durable. »

La téléconsultation représente désormais environ 5% du total des consultations et est mise en place par les trois quarts des médecins, relève un récent rapport du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie. Pas question de rejeter un mode d’exercice entré dans les mœurs et pouvant faire partie des outils de lutte contre les déserts médicaux.

Prévenir les abus

Prévenir les abus

D’autre part, l’Assurance maladie souhaite prévenir les abus. Notamment en supprimant la prise en charge des arrêts de travail prescrits par téléconsultation lorsqu’ils ne proviennent pas d’un médecin traitant. Les Français seraient ainsi dissuadés de privilégier, voire de multiplier, les consultations à distance, pour obtenir une dispense de travail.

La volonté de tutelle de l’Assurance Maladie ne s’arrête pas là. Elle souhaiterait aussi « améliorer la pertinence des prescriptions médicamenteuses » réalisées dans le cadre des téléconsultations, explique-t-elle dans un rapport publié en juillet. L’idée est notamment de s’assurer que les médecins ne recommandent pas à distance plus d’antibiotiques que nécessaire.

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Les entreprises proposant la télémédecine « n’ont pas leur propre cadre juridique », note également l’Assurance maladie. D’où la nécessité à ses yeux de créer un « statut ad hoc de prestataire de télémédecine ».

Absence de contrôle

Absence de contrôle

Par ailleurs, « il serait particulièrement souhaitable de prévoir des obligations relatives à la participation à la gestion des soins non programmés », note l’Assurance maladie. Autrement dit, les médecins adeptes de la téléconsultation devraient être mobilisés pour les imprévus de santé à l’heure où les services d’urgence sont à la peine et où le gouvernement planche sur une nouvelle organisation des soins.

La volonté d’encadrer l’usage de la téléconsultation est bien vue par les syndicats de médecins, critiques à l’égard des « plateformes » de télémédecine. « Si vous avez des gens qui téléconsultent à droite, à gauche, il n’y a jamais de retour de toute façon, il n’y a rien qui soit contrôlé », déplore Philippe Vermersch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), représentant les médecins généralistes et spécialistes .

« Une téléconsultation, quand elle se fait dans le strict cadre du parcours de soins ou de l’organisation territoriale, c’est un outil qui est bénéfique », note Agnès Giannotti, présidente du syndicat des médecins généralistes MG France. En revanche, elle propose de revoir le système d’assurance maladie lorsque la téléconsultation n’est pas réalisée par le médecin traitant.

Comment décrypter les évolutions de notre époque ?

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