posté le: 09/09/2022 14:00
L’Observatoire de l’imprévoyance du Groupe VYV estime à 15 milliards d’euros par an le coût de l’imprévoyance. Un chiffre dévoilé à l’occasion du 43e Congrès de la Mutualité Française, en septembre 2022, à Marseille. Un débat était proposé, pour tenter de comprendre pourquoi l’imprévoyance était un risque à ce point sous-estimé et dégager des solutions pour y remédier.
L’absence ou l’insuffisance d’une couverture retraite peut être désastreuse pour la santé et financièrement. Pour faire le point sur la situation, le Groupe VYV, acteur de la prévoyance en France, a présenté son Observatoire de l’imprévoyance*, à l’occasion du 43e congrès de la Mutualité Française, qui s’est ouvert le 7 septembre 2022 à Marseille.
Qui est concerné par l’imprévoyance ?
Qu’est-ce que l’imprévoyance ? Il s’agit de prestations de prévoyance non versées pour cause d’insuffisance de couverture aux familles confrontées à une maladie ou un accident. Son coût est estimé à 15 milliards d’euros par an.
L’Observatoire distingue trois catégories de populations concernées :
De plus, parmi les actifs, il existe une disparité de couverture. Ainsi, les salariés du secteur privé sont généralement les mieux couverts, mais il subsiste de fortes inégalités entre statuts et secteurs d’activité.
Les fonctionnaires souffrent également d’importantes « lacunes de couverture », notamment en cas d’invalidité, tout comme les non-salariés et les chômeurs.
Les conséquences de l’imprévoyance
L’imprévoyance serait donc un risque sous-estimé. C’était tout l’objet du débat proposé lors du congrès. « Comme l’assurance, la prévoyance est l’achat au comptant d’une garantie à terme. Le « terme » peut survenir dans 10, 20 ou 30 ans, et dans des situations qu’on ne connaît pas forcément », souligne Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle et directrice des assurances et de la protection financière du Groupe VYV. Par ailleurs, « un sur de deux sans-abri se retrouvent à la rue parce qu’ils n’avaient aucune protection sociale, et parce qu’ils ont eu une maladie, un accident, ou le décès d’un proche », ajoute-t-elle.
Des risques sous-estimés
Catherine Touvrey constate le désintérêt de la population française pour le sujet des retraites. Un désintérêt qu’elle observe aussi du côté des employeurs. Certes, la moitié d’entre eux considèrent qu’il s’agit d’un investissement ou d’un facteur d’attractivité pour les salariés. Pour l’autre moitié, le fonds de prévoyance représente surtout des charges sociales. Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), reconnaît pour sa part que le sujet des retraites est difficile à aborder, car il « fait référence à des notions telles que décès, invalidité, ou encore invalide ». veut en parler. »
De son côté, Catherine Touvrey rappelle que la dernière loi marquante en matière de retraites remonte à 1989**. Lors du précédent quinquennat, « on a beaucoup parlé de retraite, de complémentaire santé, mais finalement pas mal de prévoyance ».
Pas d’obligation pour les non-cadres
La couverture des retraites est décidée au niveau de la branche professionnelle. « Il n’y a aucune obligation de la part des employeurs de prévoir une couverture retraite pour les salariés non cadres », explique David Cluzeau, délégué général de l’Hexopée (organisation professionnelle représentative des employeurs de l’ESS).
Pour rappel, les entreprises employant des cadres (ou cadres assimilés) sont tenues de verser une cotisation égale à 1,50 % de la part de rémunération inférieure au plafond de la Sécurité Sociale. Cette obligation de prévoyance porte sur la garantie décès. « Pourquoi les cadres auraient-ils droit à une protection obligatoire en cas de décès et pas les autres salariés ? », lance Dominique Corona, qui y voit une forme de discrimination. La prévoyance est, selon lui, un sujet essentiel, qui concerne des risques très lourds : décès, handicap, invalidité, incapacité.
Des solutions pour améliorer la prévoyance
Pour permettre à tous les actifs de faire face à ces risques, le Groupe VYV recommande de consacrer au moins 1,5% de la masse salariale ou des revenus à la myopie de tous les salariés (du secteur privé), cadres, non cadres. Éric Jeanneau, directeur du Groupe VYV et président de l’Union Mutualiste Retraite (UMR), estime qu’il y a « un vrai manque » concernant la population des salariés non cadres.
Le Groupe VYV plaide ainsi pour un « socle universel de couverture des risques décès et invalidité ».
Les modalités (budget, garanties, niveau de participation des employeurs, etc.) seraient définies dans le cadre habituel des négociations (branches, ministères, etc.) afin de s’adapter aux spécificités du secteur d’activité, des métiers et de la population assurée. .
Enfin, Catherine Touvrey défend l’idée d’une obligation d’information. « Aujourd’hui, très peu de salariés disposent d’un bilan social individualisé. Ils ne savent pas à quoi ils peuvent prétendre quand les choses tournent mal sur le plan de la santé et ainsi de suite. »
* Fin 2019, le Groupe VYV a créé l’Observatoire de l’imprévoyance pour sensibiliser les Français. Le coût de la perte est déterminé selon une méthode de calcul mise au point avec l’appui de François-Xavier Albouy, économiste de la santé et du cabinet d’actuariat CAPS.
**Loi du 31 décembre 1989 renforçant les garanties offertes aux assurés contre certains risques, dite loi Evin.
Légende photo : De gauche à droite, Lucie Nuttin, journaliste (France 3 Régions) et animatrice du débat, Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle, David Cluzeau, délégué général d’Hexopée et Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa, discuter des risques associés à la myopie.