Le gouvernement veut faire face à la suspension de travail causée par le télétravail

Les téléconsultations des médecins généralistes, mais aussi des spécialistes, connaissent un boom depuis l’épidémie de Covid. Pour permettre aux Français de rester chez eux, le gouvernement a décidé que la Sécurité sociale prendrait pleinement en charge les téléconsultations. Fin 2021, dans un « contexte de reprise épidémique », cette disposition a été prolongée. Puis, au début de l’été 2022, François Braun, auteur d’une « mission flash » sur les urgences et les soins non programmés, devenu plus tard ministre de la Santé, préconisait de conserver cette indemnisation intégrale jusqu’à la fin de l’été 2022.

Mais le gouvernement, comme l’Assurance maladie, ne veut plus cette exception et veut mettre fin à ce remboursement intégral des téléconsultations qui donnent parfois lieu à des abus. Gabriel Attal, ministre de l’Action et des Comptes publics, a annoncé dans un entretien au Journal du Dimanche vouloir mettre fin aux arrêts de travail prononcés par téléconsultation par un médecin qui n’est pas le médecin du patient.

« Ces peines prononcées par vidéo par un médecin qui n’est pas assistant médical ne seront plus remboursées par la Sécurité sociale », a-t-il déclaré, levant un peu le voile sur l’une des mesures du projet de budget de la Sécurité sociale qui sera rendue publique demain lundi. Pourtant, de nombreux Français ont parfois du mal à trouver un médecin.

Gabriel Attal motive ce remboursement « pour éviter que certains n’enchaînent les consultations en ligne jusqu’à ce qu’ils trouvent qui leur accordera un arrêt maladie ». Et d’ajouter : « On a vu exploser les arrêts maladie accordés, par téléconsultation, par un professionnel qui n’est pas le médecin traitant. C’est presque 100 millions d’euros l’an dernier ».

« C’est devenu le Far West »

En septembre, des journalistes de l’émission « Zone interdite » montraient combien il est facile d’obtenir un faux arrêt de travail lors d’une téléconsultation. En parfaite santé, le journaliste a obtenu une semaine de congé « pour partir en vacances », que le médecin a renouvelée pour une deuxième semaine après 6 jours. Lors de la deuxième téléconsultation, le journaliste a également arrangé une semaine de repos pour sa femme, afin qu’elle puisse l’accompagner en vacances…

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Interrogé début septembre 2022 par Le Figaro, Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance maladie, s’est dit au courant de ces dérives. « C’est devenu le Far West et nous devons mieux réglementer les pratiques. Certains patients n’hésitent pas à faire plusieurs téléconsultations dans la même journée pour obtenir l’arrêt de travail tant convoité. Nous voulons éviter ces déviations, sans arrêter la demande des patients qui ont des difficultés à accéder aux soins », a-t-il déclaré. Il a également rappelé qu’en vertu d’un accord signé en juillet 2021, la téléconsultation ne peut représenter plus de 20% des actes réalisés par un médecin.

Plus largement, dans son entretien au JDD, Gabriel Attal insiste sur la lutte contre la fraude sociale. Il promet de « renforcer les pouvoirs des cyber-enquêteurs des caisses de Sécurité sociale » qui pourront « identifier un professionnel qui ne déclare qu’une activité salariée, mais propose ses services en tant que freelance sur Leboncoin sans les déclarer… » Et de mettre en garde : « Les fraudeurs ne seront plus seulement verbalisés, mais ils devront aussi payer leurs frais de dossier car les Français en ont marre de payer pour eux. »