Depuis son lancement en France en 2020, Dry January a gagné en popularité. Les associations qui promeuvent ce mois sans alcool regrettent cependant le manque de soutien de l’Etat qui, selon elles, permettrait une sensibilisation plus efficace aux dangers de l’alcool.
L’objectif du January Challenge (l’équivalent français du Dry January anglo-saxon) est simple : ne pas boire une goutte d’alcool les 31 premiers jours de l’année. L’occasion de s’intéresser à sa consommation dans un pays où en 2021, selon les données de l’Inserm, environ un quart des adultes dépassaient les normes recommandées, soit un maximum de deux verres par jour, pas tous les jours.
Sur les 9 millions de participants en 2020 selon Opinionway, le concept aurait conquis environ 24 millions de Français l’an dernier, selon l’enquête BVA pour La Ligue contre le rak.
Et la tendance semble se poursuivre. « Nous n’avons jamais été autant sollicités que cette année », explique Bernard Basset, médecin et président du Département des Addictions en France, dont le téléphone n’arrête pas de sonner. Outre les villes partenaires, des sociétés mixtes, des hôpitaux et des médecins le contactent régulièrement pour lancer un défi au sein de leurs établissements.
L’association leur propose également des affiches à apposer dans les bureaux et des webinaires pour sensibiliser les salariés aux dangers de l’alcool.
« Janvier sec fonctionne très bien sans l’Etat : l’an dernier 35% des Français ont participé au challenge », a déclaré à l’AFP le professeur Mikael Nasila, président de l’Association française de l’alcoolisme, qui fait partie du challenge. cinquante organisations à l’initiative du Challenge de Janvier.
Cependant, les associations organisatrices souhaiteraient pouvoir compter sur un meilleur soutien des pouvoirs publics. « D’autres pays participant à Dry January mènent des enquêtes, alors que nous n’avons pas les moyens de faire des évaluations exhaustives de notre campagne, ce qui serait utile pour savoir ce qui doit être amélioré », déplore le professeur Naassila.
« On peut dire que la France est un pays de table, mais il y a une question de santé derrière »
Avec l’aide de la santé publique française, illustre Bernard Basset, les associations pourraient adapter l’application britannique Try Dry, qui conseille et motive les participants au quotidien. « Nous pourrions rendre l’application plus accessible avec de la peinture française », explique-t-il.
« On peut dire que la France est un pays à table, mais derrière cela, il y a la question de la santé. Ce serait mieux si l’état supportait (janvier sec). Puisque nous faisons un mois sans tabac, pourquoi pas « alcool » ?
Pourtant, l’agence a prévu de parrainer le challenge depuis son lancement il y a quatre ans, au même titre que le Mois sans tabac. Mais Emmanuel Macron a mis fin à l’initiative, puis s’est attiré des critiques pour sa proximité avec le lobby de l’alcool, uni contre la campagne, jugée hygiénique.
Pourtant, le 9 janvier, Santé publique France a lancé une campagne sur les réseaux sociaux, à la télévision et au cinéma intitulée « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ». L’objectif est de réduire la consommation d’alcool qui, même à petites doses, augmente les risques de cancer, d’accident vasculaire cérébral et de troubles du rythme cardiaque. Une campagne « bienvenue » et « parfaitement cohérente » a accueilli les organisateurs de Dry January.
Première cause d’hospitalisation en France selon le rapport 2022 de l’Observatoire français des tendances des drogues et des toxicomanies, ce problème de santé publique a également un coût social élevé de l’assurance maladie, estimé par le gouvernement à 118 milliards d’euros en 2010.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/dry-january-quand-je-parlais-mes-patients-en-addicto-avant-cetait-de-la-theorie-la-je-lai
Même si la Santé publique française a timidement endossé Dry January en incitant « tout le monde à participer à ce défi », les associations savent que le partenariat n’est pas au rendez-vous. « Nous espérons toujours une alliance avec les pouvoirs publics, mais nous n’y comptons pas », a démissionné Bernard Basset.