Chaque promotion sortante participera désormais à des créations produites et diffusées par le Théâtre National de Bretagne.
Au sein de l’École nationale d’art dramatique du Théâtre national de Bretagne (TNB), vingt élèves de 18 à 30 ans engagés dans le concours sont formés pendant trois ans. En fin de cursus, ils bénéficient d’un dispositif d’insertion similaire à celui du Jeune Théâtre National, qui consiste en une aide financière apportée par l’école aux metteurs en scène et compagnies qui décident de les embaucher, pour une durée de six ans. La vulnérabilité accrue des jeunes artistes causée par la crise sanitaire a cependant poussé le directeur du Théâtre national de Bretagne et de son école, Arthur Nauzyciel, à concevoir un projet original, complémentaire de celui existant : développer, à chaque sortie de classe et des artistes impliqués dans leur formation, produits et diffusés par TNB et invités en tournée pour une ou plusieurs saisons. Avec l’intention, explique Arthur Nauzyciel, de « suivre les carrières d’acteurs et d’actrices », cette initiative offre aux alumni l’opportunité d’affronter des aspects très spécifiques de leur métier, comme des répétitions sur une longue période, le passage d’une pièce à l’autre, des tournées dans les salles et devant un public différent, une discipline imposée par le fait que le jeu se joue tous les soirs ou se poursuit après quelques semaines d’interruption ; « Autant de réalités qui font partie du quotidien des artistes, mais qui ne sont pas enseignées dans les écoles », a déclaré le directeur du TNB. Seule l’expérience peut les révéler. » De plus, dès la deuxième saison de travail, les acteurs et actrices pourront ouvrir les droits au régime occasionnel.
Durant la saison 2021/2022, la Promotion 10 sera répartie sur quatre spectacles programmés au TNB puis en tournée : Fiction Friction, Phia Ménard, Opérette, Madeleine Louarn et Jean-François Auguste, Rêveurs, Pascal Rambert et Mes Parents, Mohamed El Khatib . Ces deux derniers ont déjà été présentés en novembre 2021 lors du Festival TNB, tandis que l’Opérette a été jouée ce mois-ci à Morlaix, puis à La Comédie de Caen et au Théâtre de Dinan. De plus, la plupart des diplômés apparaissent ou apparaîtront dans les créations de Julie Duclos (Kliniken), Tania de Montaigne (L’Assignation), Steven Cohen (From Outside In). Pour faire revivre son premier spectacle, Le Malade imaginaire ou le Silence de Molière, Arthur Nauzyciel en engage huit.
Bien que la production de quatre à six spectacles tous les trois ans nécessite un investissement financier important – avec un budget constant pour l’instant – le directeur de la TNB entend réitérer le processus pour les promotions futures. Il y voit une alternative pertinente aux aspirations compréhensibles mais souvent très risquées des jeunes artistes à monter leurs propres projets dès la sortie de l’école. « Grâce à ce dispositif, ils peuvent mieux connaître les créateurs, mieux connaître les réseaux professionnels et comprendre comment s’inscrire. En leur permettant de continuer à se former, nous essayons de leur apprendre à être patients, à ne pas se précipiter pour créer une entreprise », conclut-il.