La liste des sentiments s’allonge… jusqu’à ce que vous souffriez dans votre corps et que vous soyez un obstacle au quotidien. C’est ce dont parlent les hyperesthétiques.
L’hypersensibilité peut suractiver les récepteurs nociceptifs, ces terminaisons nerveuses qui transmettent les sensations de douleur : en bref, le système d’alarme de notre corps. C’est lui qui nous fait retirer la main des aliments trop chauds, pour nous avertir qu’on va brûler, ou nous fait baisser la musique quand ça nous casse les oreilles… L’hyperesthésie va aggraver la sensibilité et l’anxiété, parfois, des gens à haut potentiel, d’autres autistes ou des personnes généralement hypersensibles, chez qui le phénomène prendra des formes plus ou moins invalidantes. Cette amplification peut affecter n’importe lequel des cinq sens – seul ou plusieurs ou même tous – à un degré significatif à modéré. C’est ce qui fera la différence. On peut très bien vivre avec des « j’aime pas », on ressent de l’agacement, voire du dégoût, mais ça devient plus inquiétant quand on déteste, en lançant des « je ne supporte pas », « c’est impossible », « je ne peux pas restez là »… nous dit l’Hyperesthétique.
Le toucher
« Je me sens vite agressé quand quelqu’un m’attrape, même amicalement. En général, je ne supporte pas les vêtements collants », témoigne Astrid, qui déteste aussi la texture de certains papiers glacés, l’aluminium, l’humidité, le collant… D’autres sensations tactiles sont également rapportées : eau trop froide ou trop chaude, trop lourd. couvertures, contact avec du sable ou de l’herbe. Une personne hypersensible soucieuse du détail reconnaît ce qu’elle ne supporte pas le moins : les premières gouttes de pluie légère avant même de se mouiller, du savon ou de l’après-shampooing, s’il reste quelque chose sur la peau après la douche, des bijoux, surtout des colliers et les tour de cou, les lunettes qui provoquent des douleurs dégoûtantes au nez, sans oublier les irritants masques d’hygiène dont l’élastique fait mal au fond des oreilles.
LE CONSEIL D’ASTRID « Je pratique la méditation de pleine conscience depuis longtemps, mais quand j’ai commencé à faire du yoga au moins deux fois par semaine, cela m’a reconnecté avec mon corps de manière positive. Je me sens moins agressé et j’accepte mieux mes émotions. »
La vue
Au quotidien, les lumières deviennent vite trop vives et éblouissantes, au point qu’il faut porter des lunettes noires… Mais il n’y a pas que ça. « Je remarque aussi les détails de mon environnement, les enseignes au néon dans la rue, les feux de stationnement, les couleurs vives. Je vais me faire happer par un manteau ou une vitrine trop flashy… et je ne me verrai pas filer droit sur le banc. Chez moi, les portes mal fermées, l’espace désordonné ou la déco surchargée ailleurs, les tableaux aux murs, les bibelots partout me dérangent. Je préfère la sobriété, qui me détend visuellement », note Guillaume. A cette liste on peut ajouter le dégoût irrésistible à la vue d’un cheveu sur une assiette ou encore d’un vêtement perdu, du pain mouillé, la vue d’un fruit bouilli ou d’un poisson – écailles et tête – un pansement qu’on a enlevé. ses cartons, encore pire s’il est utilisé… N’importe qui peut être dégoûté, mais encore une fois, tout dépend de combien.
LE CONSEIL DE GUILLAUME « Je ne peux pas magasiner dans un grand magasin à cause de toutes ces exigences visuelles. Je commande tout en ligne et c’est relaxant. Quand les choses ne vont pas bien, je plonge dans une pièce sombre, j’évite tous les stimuli extérieurs et je respire de manière contrôlée ; au bout d’un quart d’heure je me sens déjà mieux. Autant que nécessaire, je lis aussi mes trucs pour qu’il ne reste que ce qui est utile et ce qui me rend heureux. »
L’ouïe
« Imaginez que dans une pièce, même grande, vous ayez l’impression que tout le monde parle dans votre oreille », tente d’expliquer Nadia, la tête « explosant », comme elle le dit, au point qu’elle ne supporte plus la bruit de la ville. la pollution. Dans la campagne où il habite, il doit aussi éviter les moteurs des tondeuses à gazon ou le bruit, même lointain, des scies. En revanche, il est apaisé par les bruits de la nature, par exemple le chant des oiseaux, même s’il est agacé par un pigeon… Avec l’hyperacousie, on se focalise parfois sur un certain bruit jusqu’à vouloir crier et s’enfuir : un stylo sur du papier, les touches sur lesquelles vous appuyez sur un clavier d’ordinateur, la sonnerie impromptue d’un téléphone portable…
LE CONSEIL DE NADIA « Certaines personnes s’isolent en mettant des écouteurs avec une musique qui leur convient, mais personnellement, ça finit par me peser mentalement. J’ai opté pour des étalons de concert. Je peux toujours entendre ce qui se passe autour de moi, mais pas les sons les plus éloignés, comme baisser le volume. »
L’odorat
Les odeurs corporelles sont particulièrement incriminées – haleine, sueur, cuir chevelu, mais aussi crèmes et parfums… « Je préfère quand une personne ne sent rien, mais une odeur neutre n’existe pas pour moi », avoue Cendrine, qui renifle un chat à 15 m. , jusqu’au mal de tête. Soupe chaude, colle, peinture, chien mouillé, urine, moisissure… elle est souvent dérangée par des odeurs que l’environnement ne détecte pas.
LE CONSEIL DE CENDRINA « Je fais une bulle chez moi et m’entoure de parfums légers que j’aime, comme la lavande (pas trop fort), que je mets dans le linge et ça m’aide à m’endormir. Mais j’ai aussi remarqué que si j’ai de bonnes habitudes de sommeil et que j’évite la caféine ou l’alcool [voir encadré] et que je privilégie une alimentation saine et riche en antioxydants (surtout les fruits secs comme les amandes), mon odorat se calme. »
Le goût
Les HSP sont souvent très pointilleux sur la nourriture. Il est impossible pour Elise d’expliquer pourquoi, elle déteste toujours manger du yaourt, ou pourquoi tout ce qui a le goût de la mer la dégoûte. Saveurs et couleurs… Il n’y a qu’ici, à la maison, que des vomissements peuvent survenir. D’autres ne supportent pas les aliments mixtes (pâté), les fruits avec des pépins, voire le kiwi… « Pour moi, c’est à cause de mes cheveux », dit Elise. Les textures et la vue sont souvent associées à une aversion pour certains aliments, comme le toucher d’une fourchette en argent car cela laisse un « goût horrible » dans la bouche.
LE CONSEIL D’ELISIA « Je ne me force jamais et j’explique simplement aux gens autour de moi ce que je ressens parfois comme un obstacle… Mais j’aime certaines saveurs comme la coriandre ou l’anis, alors je m’exerce à profiter de ces sensations agréables : je ferme les yeux . avec le plaisir de déguster pour moi des mets délicats. Cela me calme de voir à quel point je peux apprécier certaines choses. »