Physio et vinyasa yoga, régime du champion du monde Enzo Lefort…

« Mon corps commence à souffrir de toutes ces années d’entraînement intense. » Et pour cause. Enzo Lefort est arrivé en équipe de France de fleuret en 2012, et depuis il n’a plus de vacances qu’un mois par an. Si, dans le foot, Kylian Mbappé disait : « Tu ne me parles pas d’âge », en escrime, on peut et on doit se le permettre. A 31 ans, l’honnête champion du monde a commencé à faire les frais, dans son corps, des sports traumatisants (pour le dos, les hanches, les genoux et les chevilles notamment), dus aux incessants changements d’appui.

A titre d’illustration, prenons le Championnat d’Europe de la saison dernière (en Turquie, en juin 2022). Pour la première fois de sa carrière, à 30 ans, il est contraint d’abandonner la compétition en raison d’une blessure au mollet. Son élimination en quart de finale du Challenge international de Paris, le 14 janvier, s’expliquait aussi, en partie, par l’usure de son corps. « Je n’ai pas pu me préparer correctement pour la compétition à cause de la douleur à la cheville », a-t-il déclaré. Lors du premier match, je n’ai pas ressenti beaucoup d’adrénaline, mais dans le match contre Cheung (Ka Long, Hong Kong, champion olympique contre qui il s’incline), ça joue un peu, je ressens des petites décharges. »

Lefort a également un « style d’escrime généreux et très physique », a-t-il déclaré. Avec son grand gabarit (1,90 m), il n’y a pas que les chevilles qui font mal. Au niveau du genou, cette zone se situe juste au-dessus de la rotule, le tendon du quadriceps, particulièrement sollicité lors de l’amortissement des fentes. Bref, les bobos accumulés, et afin d’espérer continuer au meilleur niveau, avec, bien sûr, Paris 2024 en vue, le Guadeloupéen s’adapte.

« Maintenant, j’ai plus besoin de me sentir bien physiquement que d’acquérir des compétences techniques »

« On met tous les jours des choses qui vont me permettre de rester sur les pistes jusqu’à 45 ans, s’amuse-t-il. Je fais plus attention à mon hygiène de vie et je fais moins de séances d’escrime que les jeunes. Désormais, je dois me sentir bon physiquement plus qu’à acquérir des compétences techniques. » Et le staff s’est adapté à lui. « On n’a pas le choix, on fait selon la douleur », a expliqué son entraîneur Emeric Clos.

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Au lieu des quelques entraînements techniques qu’il a manqués, le tireur français a suivi des séances de kinésithérapie, presque trois à quatre fois par semaine. Diplômé dans le domaine, il réalise l’importance de ces soins, et ce qu’il faut faire pour prévenir certaines blessures. Depuis qu’il a obtenu son diplôme universitaire en 2018, Lefort a aussi plus de temps pour s’occuper de lui.

Plus de yoga, moins de muscu

Cela lui a permis de s’adonner à une nouvelle pratique, le yoga, qui l’a aidée, encore une fois, à mieux appréhender son corps. « Depuis l’année dernière, j’ai demandé à mon entraîneur d’inclure cela dans mon entraînement sportif », a déclaré le médaillé d’or par équipe aux Jeux de Tokyo. J’ai la chance d’avoir un personnel très compréhensif, donc par exemple, si vous faites de la musculation, je fais du yoga. »

« Il m’a fallu quelques mois pour réaliser que je me fichais vraiment d’être championne du monde de yoga, mais c’était là pour m’aider »

Lefort pratique le yoga vinyasa, une forme dynamique qui permet de gagner en souplesse et mobilité. « C’est surtout un rapport au sport différent : quelque chose de très bon pour le corps, affirme le Français. Par exemple, quand le prof te met dans une position, il te dit de ne pas aller loin. Au début, ça me dérangeait parce que c’était contre ce que je fais tous les jours. Il m’a fallu quelques mois pour réaliser que je me fichais vraiment d’être championne du monde de yoga, mais c’était là pour m’aider. »

Une préparation physique avec une danseuse

Le yoga est un complément au travail physique minutieux qu’il effectue tout au long de l’année. Pour cela, le triple champion du monde (deux fois en individuel et une fois en équipe) peut même s’appuyer sur deux entraîneurs aux profils différents. Le premier, Robin Hager, l’a rejoint pour des travaux plus classiques : musculation, cardio et endurance.

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Enzo Lefort (à droite) lors de sa victoire 15-9 sur le Sud-Coréen Lee Kwang-hyun au deuxième tour du Challenge International de Paris le 14 janvier. (V.Joly/Equipe)

Mais depuis 2018, la tireuse française peut aussi bénéficier des conseils d’une autre préparatrice physique, Armelle van Eecloo, qui travaille mieux « sur le diaphragme, l’ouverture des hanches, le travail des jambes, des chevilles, etc. », explique Lefort. Danseur et chorégraphe, son œil « très aiguisé » lui permet de distinguer son travail. « C’était un peu compliqué au début parce que c’était tellement bon que je me suis dit que ça ne servait à rien », a expliqué le fleurettiste. Mais j’étais ouvert d’esprit alors j’ai continué, et après la quatrième ou cinquième séance j’ai commencé à voir des progrès dans mon corps. »

« Secrètement, je veux aller à Los Angeles (Jeux de 2028) »

Malgré tout ce travail, des problèmes physiques nouveaux et récurrents amènent Lefort à se poser des questions. « Ce sont des choses auxquelles je ne pensais pas il y a quelques mois qui me trottaient dans la tête avec ce trouble physique. Je me demande si j’ai envie de traîner même si ce n’est pas bon, ou si j’ai arrêté quand j’étais un peu au pic. » de ma carrière. »

En fait, sa présence aux Jeux de Paris est quasi indiscutable. C’est la conséquence, qui lui a demandé : « Secrètement, je veux aller à Los Angeles (aux JO 2028, il aura 36 ans). Ce sera ma cinquième participation aux Jeux et je ne veux pas partir. (Erwann) Le Péchoux seul à en avoir cinq C’est un jeu (rires) ! Mais on verra s’il faut faire autre chose pour ça. »

publié le 17 janvier 2023 à 11h00 mis à jour le 17 janvier 2023 à 11h00