Plan anti-fraude : Les professionnels de santé regardent l’Assurance maladie

Publié le 30 septembre 2022 à 18:28 Mis à jour le 30 septembre 2022 à 19:02

Après avoir dû ralentir pendant la crise sanitaire, l’Assurance maladie promet de redoubler d’efforts pour traquer les arnaqueurs. D’ici 2024, elle espère être en mesure de détecter et de stopper des fraudes entraînant des pertes financières d’environ 500 millions d’euros par an, contre près de 220 millions d’euros en 2021. Une cible « ambitieuse », a admis vendredi Thomas Fatôme, directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), qui gère les dépenses de santé des Français au-delà de 230 milliards d’euros.

La pandémie a contraint l’administration à revoir ses priorités en affectant ses agents à une politique de surveillance des « matières contact » et a perturbé les procédures internes, en empêchant par exemple la convocation de présumés fraudeurs. Résultat : Les performances anti-fraude se sont détériorées après avoir atteint un niveau record en 2019 (290 millions d’euros de dommages constatés et 30 millions d’euros d’amendes infligées).

Les succès rencontrés depuis le début de cette année ont donné un bon départ à la CNAM avec 1 600 agents anti-fraude. Il faut dire que la crise s’est accompagnée du partage des excédents, par exemple dans les tests Covid (54 millions d’euros d’indus ont déjà été détectés).

Pas de cartes Vitale en surnombre

Pour la CNAM, les arnaques sociales qui apparaissent régulièrement dans le débat politique sont « en fait limitées ». « Il n’y a pas de cartes redondantes (Vitale) », a insisté son directeur alors que l’Assurance maladie dédouanait les dossiers. Bien que la CNAM ait recruté des personnes ayant utilisé abusivement le système français de protection sociale, elle souligne que ce sont les sommes en jeu (70 millions d’euros).

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Les tarifs financiers du côté des soignants, qui sont remboursés par l’Assurance maladie, sont bien plus importants. Ils représentent près des deux tiers des fraudes démasquées (autant en 2021). En insistant sur le fait que la fraude était le fait d’une « petite minorité », la CNAM avait déjà épinglé à la Sécurité sociale en début d’année les infirmières libérales qui facturent trop cher leurs actes.

Les transporteurs dans le viseur

Ce vendredi, elle n’a pas hésité à faire attention aux médecins de famille, qui manquent pourtant au pays. Lors de la soumission d’un nouveau travail, la CNAM estime que 3 % à 3,5 % des ordonnances remboursées pourraient être considérées comme frauduleuses. De quoi représenter jusqu’à 215 millions d’euros de dommages et intérêts.

L’Assurance maladie a également traité le cas des transporteurs de malades. Ces derniers pèsent moins dans les dépenses de santé que les médecins, mais les fraudeurs sont responsables de pertes comprises entre 150 et 170 millions d’euros, un « chiffre non négligeable », souligne l’Assurance maladie.

Accompagnement des professionnels

Pour remettre de l’ordre dans les retours, la CNAM s’appuie sur des données croisées avec d’autres administrations, des outils informatiques variés et la mise en place d’ordonnances numériques pour lutter contre la contrefaçon. Elle compte aussi sur des opérations de lutte de grande envergure, avec la mise en place d’une « task force nationale ». Ciblant aujourd’hui plus d’une cinquantaine de centres de santé dentaire (faux, injustifiés, etc.), il promet de porter plainte, d’adhérer à l’Ordre et de déconvenuer « dans les prochaines semaines ».

L’administration met également l’accent sur la prévention et l’accompagnement des professionnels. Plutôt que de permettre aux infirmiers nouvellement installés de capter les « mauvaises habitudes de facturation » de leurs collègues plus âgés, il s’agit de les former et de réaliser des contrôles « à sec » dans les premiers mois de leur installation. « On voit les premiers résultats », a déclaré vendredi Thomas Fatôme. Cette logique devrait être étendue à d’autres professionnels, notamment les kinésithérapeutes.

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