Avec les douze conseils de lecture de « Libé », nous marcherons avec des philosophes, enquêterons sur un meurtre dans la société américaine ou gravirons l’Everest avec un marin. Tout cela sans quitter votre mallette.
«Dans les yeux d’Electra» de Stéphane Haskell

Lorsque ces deux-là se rencontrent, l’un se demande qui sauvera l’autre. Lui, en pleine dérive, vient d’arrêter de boire mais peine à garder la tête hors de l’eau. Quant à elle, sa vie a mal commencé : âgée de 6 mois mais déjà abandonnée deux fois, elle croupit dans un refuge.
C’est donc l’histoire d’Electra, petit griffon de Korthals, adopté par Stéphane Haskell, photographe et réalisateur sans plan ni projet, un homme mûr sans amour. Alors qu’ils commencent à inventer ensemble un principe d’avenir, le dos de Stéphane cède. Hôpital, opérations, rééducation, handicap, maladie canine : un après-midi, les bouteilles de rosé rentrent à la maison. Stéphane décide de « se mettre en pièces à nouveau », et pour toujours, à la manière d’un cocktail de vin et de médecine. Ce jour-là, le regard d’Electre retient son humain in extremis dans la chute. Petit à petit, grâce à elle et au yoga, l’auteur retrouvera le poil de la bête, elle réapprendra à s’ouvrir, à jouir, à partager (même les puces) : « Je m’humanise grâce à mon chien ». Mais lorsqu’il se lève, c’est son maître-chien qui refuse. Leur sablier respectif ne coule pas à la même vitesse, il va falloir faire avec.
Ancien correspondant à New York de l’agence Sipa Press, auteur de livres et de documentaires, dont plusieurs consacrés au yoga, Stéphane Haskell livre ici un récit autobiographique dans un style un peu maladroit mais d’une grande sincérité. Il parlera à tous ceux qui ont déjà trouvé raison aux yeux d’un animal…