A chacun sa méthode. Une personne compte combien de personnes doivent le dépasser. Quand le voisin commence, il passe en anglais, mais avec son portable collé à l’oreille. Chut, client important. D’autre part, c’est une vilaine angine de poitrine. Masque, sirop, huile essentielle en évidence, et un grand merci à son complice qui le présente comme une rock star, sans voix. Le troisième rougit, tremble de tous ses membres et s’évanouit presque lorsque le PDG s’arrête devant lui. Il retourna un instant en CE2 tandis que le professeur espionnait lentement devant les pupitres et déposait à tour de rôle les élèves paralysés sous la loupe avant de fondre sur sa victime, « Au tableau… ». Timide, beaucoup, frénétique, parler en public est parfois un cauchemar. Pas un mot ne convient au cadre : il n’est plus en CE2 et doit passer au conseil.
Pratiquer tous les jours

« La prise de parole demande à être pratiquée au quotidien et remise en cause assez régulièrement pour s’améliorer. Tout d’un dîner en famille peut être prétexte à s’entraîner », confirme Géraldine Lemoine, consultante et formatrice en communication, créativité et prévention du stress, auteure du livre. Osez parler ouvertement, (éditions Diateino, 2020). Mais vous devez être prêt. « Imaginez toutes les questions les plus terrifiantes. La préparation se fait par enregistrement, vidéo ou smartphone. Tout le monde déteste se voir et s’entendre, mais c’est une très bonne courbe d’apprentissage pour voir vos tiques, les ‘euh’, les vacillements, sa nervosité. C’est ça fait mal mais l’autodiagnostic permet vraiment de grandir ! », poursuit-elle. La découverte de cette femme pâle à la voix nasillarde qui ne sait que faire de ses mains et qui se balance pour provoquer le mal de mer est un choc. Ce passé doit s’habituer à l’état et arrêter de lacer tout en faisant le sémaphore. « On peut aussi s’inspirer des femmes et des politiques », conseille l’experte. Ces professionnels maintiennent toujours leur posture même lorsqu’ils sont attaqués. Couper le son rien qu’en regardant leurs gestes, puis en écoutant leur voix, la photo est un bon exercice. » N’oubliez pas les proches, qui sont souvent de bons conseils dans leur ressenti. Une fois les gestes maîtrisés, vous devez préparer votre intervention avec un chronomètre pour éviter de fleurir les smartphones. Les phrases courtes sont préférables avec sujet-verbe-objet. Évitez l’improvisation, comme la lecture ou la mémorisation du texte. « Je recommande d’écrire une introduction et un résumé et d’inclure une carte mentale qui permet de voir les arguments. Nous définissons le sujet au milieu de la feuille A4 et réécrivons ses sujets. Pas plus de quatre, et éventuellement des sous-thèmes, avec un maximum de deux ou trois mots dans chaque bulle. on peut même s’entraîner avec une liste de courses ».
Regarder ses interlocuteurs dans les yeux et sourire

Le temps est venu. « Vous ouvrez vos gestes et regardez vos interlocuteurs, qu’ils soient trois, dix, cent ou mille. Il faut regarder, puis corriger un de plus et un de plus. Regarder au-dessus de la tête est moins puissant. Et surtout, il ne faut pas avoir le regard mal placé », conseille Géraldine Lemoine. Alors forcez-vous à sourire. Forcément. « Comme dans le yoga du rire, on force nos zygomatiques. Notre cerveau ne fait pas la distinction entre un sourire spontané et un sourire forcé, mais en tout cas il est empreint de joie. » Quatrième étape : respirer. Si possible, on va d’abord aux toilettes pour répéter le sourire et faire des exercices de respiration : avec la main sous l’arrière de la tête, nous contrôlons la respiration circulaire, elle se dégonfle au fur et à mesure que vous respirez. On travaille aussi notre voix, on répète les voyelles et on vérifie que le cou vibre pour que les cordes vocales vibrent. » Ah, je rigole, je me vois si belle dans ce miroir… On est arrivé, on se tient et voilà sont les questions. « Il ne faut jamais couper le sol, mais bien écouter jusqu’au bout. » Un dernier conseil ? Faire du théâtre peut aider à trouver sa posture, mais il vaut mieux éviter de se former avec un metteur en scène : le but n’est pas de devenir Depardieu , et faire des exercices de lion en hurlant au milieu du Comex peut être contre-productif !
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