La souscription à une assurance maladie complémentaire (AMC) est encouragée par les pouvoirs publics, car elle permet de réduire ses propres dépenses en matière de santé, qui ne sont pas intégralement prises en charge par l’assurance maladie obligatoire (AMO). Parmi les dispositifs visant à favoriser son accès, la complémentaire santé solidaire (CSS), créée en 2019, héritière de la CMU-C et de l’ACS. Par ailleurs, les impôts et les régimes d’aides sociales subventionnent les souscriptions à la complémentaire santé des salariés et des indépendants à hauteur de 4 milliards d’euros par an.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié le 2 septembre une étude sur l’impact de la complémentaire santé sur la réduction des inégalités, ainsi que sur la répartition des aides socio-fiscales pour les souscriptions complémentaires parmi la population.
L’Assurance maladie complémentaire est moins redistributive que l’AMO

L’AMC utilise une redistribution horizontale (entre malades et bien portants) et une redistribution verticale : « on voit peu de différence entre la répartition des cotisations versées et des remboursements perçus sur l’échelle du niveau de vie » qui s’explique par deux facteurs :
Cependant, cette redistribution est bien plus faible que l’Assurance Maladie Obligatoire, dont le financement est plus directement proportionnel au niveau de vie.
L’accès aux soins facilité par la Complémentaire santé solidaire
Complémentaire santé solidaire (CSS) joue un rôle majeur dans l’accès aux soins des Français les plus modestes. Son effet redistributif est légèrement supérieur à l’effet cumulé des deux dispositifs qu’il remplace en 2019, la complémentaire santé universelle (CMU-C) et la complémentaire santé (ACS). « Le passage à la CSS représente un gain net de 29 € par an et par bénéficiaire », un effet qui diffère, selon l’âge du bénéficiaire : les bénéficiaires jusqu’à 65 ans réalisent des gains significatifs, avec la plupart des 60 ans, en moyenne une perte nette quand passage d’ACS à CSS.
Pour rappel, la redistribution opérée par la CMU-C est assez importante, de l’ordre de 403 € par an et par allocataire. La redistribution opérée par l’ACS est beaucoup moins conséquente : comprend moins de bénéficiaires, est moins nocive, concerne un plus petit nombre.
Complémentaire santé des salariés : la participation de l’employeur croît avec le niveau de rémunération des salariés

Depuis 2016, les employeurs sont tenus de souscrire des contrats de santé au profit de leurs salariés. Ils doivent participer à leur financement à hauteur de 50% minimum.
Les salariés des grandes entreprises et des secteurs à forte valeur ajoutée bénéficient de meilleurs taux de couverture et d’une couverture de meilleure qualité. Ainsi, « le montant moyen des cotisations patronales par salarié dans le secteur privé varie de 201 € par an chez les 10 % les plus pauvres, à 523 € chez les 10 % les plus riches.
Les classes moyennes et les retraités moins favorisés

Les ménages de la classe moyenne inférieure (qui représentent un peu plus de 20 % des pauvres mais un niveau de vie inférieur au niveau de vie moyen) reçoivent moins d’aides que la moitié la plus riche de la population.
« Cette répartition inégale des aides selon les niveaux de vie cache des différences très marquées de certains niveaux de vie, selon la situation de la société vis-à-vis du marché du travail ». Par exemple, la situation privilégiée des salariés du secteur privé contraste avec les retraités qui doivent payer des cotisations plus élevées en raison de leur âge lorsqu’ils ne sont pas éligibles à la CSS, sans régime d’aide publique qui leur est dédié.