Le premier ministre a annoncé que le gouvernement « ne dépassera pas 43 années de cotisations » pour toucher une retraite à taux plein et qu’il supprimerait une clause très controversée du décret régissant l’assurance-chômage.
Repousser l’âge de la retraite à 65 ans « n’est pas un totem », a confirmé la Première ministre Élisabeth Borne, invitée spéciale de franceinfo, mardi 3 janvier 2023 à 8h30, alors que s’ouvre une période de problèmes brûlants pour l’exécutif. Le chef du gouvernement a également annoncé que le gouvernement « ne dépassera pas 43 ans de versements pour toucher une retraite à taux plein » et que les entreprises en difficulté à cause des prix de l’énergie pourront « demander un report de leurs paiements d’impôts et de cotisations sociales ». Voici ce qu’il faut retenir de son interview.
Réforme des retraites : « 65 ans, ce n’est pas un totem »
Dans le dossier d’information français, le chef du gouvernement a expliqué deux points de la position du gouvernement concernant la réforme des retraites. D’une part, repousser l’âge légal à 65 ans n’est pas un totem, a rappelé Elisabeth Borne. En revanche, « nous n’allons pas dépasser 43 ans de versements pour toucher une retraite à taux plein », a assuré le Premier ministre. Quant à « l’âge qui permet à quelqu’un qui n’a pas fait une carrière complète de partir sans décote », il « ne bougera pas » et « restera à 67 ans ».
Le locataire de Matignon a également précisé le calendrier de la réforme des retraites. Officiellement présenté « le 10 janvier », il sera revu « en Conseil des ministres le 23 janvier », puis un « débat aura lieu à l’Assemblée nationale début février », dans le but de « voter le texte ». avant la fin du premier trimestre, pour prendre effet à la fin de cet été ».
Elargissement du minimum retraite aux personnes déjà retraitées : « Il y aura un débat »
C’est l’un des points clés de la réforme des retraites du gouvernement : porter la pension minimum (85 % du salaire minimum pour une carrière complète) à 1 200 euros. Il ne sera pas universel dans un premier temps, suggère Elisabeth Borne, alors que les syndicats et l’opposition y sont favorables. « Ma priorité est que les actifs qui doivent travailler un peu plus longtemps bénéficient de cette revalorisation », a-t-il déclaré. Je vous rappelle qu’il y a un débat sur le projet de loi, on verra bien, je n’ai pas à le faire. nul doute que des propositions en ce sens seront faites. »
En revanche, l’idée d’augmenter les cotisations plutôt que d’allonger le temps de travail est une « ligne rouge » pour le gouvernement, qui ne veut pas « augmenter le coût du travail. Ma priorité, c’est le plein emploi », a rappelé le Premier ministre. a également répondu à l’idée que la réforme des retraites servira à financer d’autres mesures, comme la santé ou dans le domaine de l’éducation.
« Il faut être très clair : le système est déficitaire. Tout ce que nous demandons comme effort aux Français servira à financer le système des retraites. »
Réforme de l’assurance-chômage : le gouvernement retire un point controversé du projet de décret
La réduction de 40% de la durée d’indemnisation lorsque le chômage est inférieur à 6% « sera supprimée », a indiqué Elisabeth Borne via franceinfo.
« Nous retirons ce point et le réévoquons dans la future discussion sur les règles. »
Le vendredi 23 décembre, à la veille du week-end de Noël, un projet de règlement a été dévoilé pour réduire la durée de l’allocation à 40% si en dessous de 6%, ce qui avait rencontré une vive opposition et suscité la surprise et la colère des syndicats mécontents de l’absence d’avertissement. « Le décret n’est pas une surprise », a répondu Elisabeth Borne, qui reconnaît toutefois que « ce point n’a peut-être pas été assez discuté ».
Crise énergétique : les entreprises pourront « demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales »
Les entreprises touchées par la hausse des prix de l’énergie, dont les boulangers dont les inquiétudes ont été exprimées ces derniers jours, pourront « demander un report de leurs paiements d’impôts et de sécurité sociale » pour alléger leur trésorerie, a annoncé le Premier ministre. , Elisabeth Borne. Les sociétés énergétiques sont également « demandées » de « permettre aux entreprises en difficulté d’étaler le paiement de leurs factures sur les premiers mois de l’année ». Il a en outre confirmé que les préfectures seront mobilisées pour enquêter sur les difficultés, qui resteront « au cas par cas ».
« La plupart [des entreprises] paient leurs prix tous les mois, et les prix des premiers mois de l’année, ou les prix dits d’hiver, sont beaucoup plus élevés », explique le Premier ministre, qui note la « cash problématique ». Les boulangers, comme les énergéticiens, seront reçus mardi par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité maintenu « jusqu’à la fin de l’année »
« Nous maintiendrons le principe du bouclier tarifaire jusqu’à la fin de l’année », a annoncé le PDG en réponse aux inquiétudes des entreprises face à la flambée des prix de l’énergie. Le gouvernement prévoyait déjà de maintenir les tarifs du gaz et de l’électricité jusqu’au 30 juin 2023, limitant les hausses des prix du gaz à 15 % en janvier 2023 et les hausses des prix de l’électricité à 4 % en février en 2022. Cette mesure concerne « les ménages, majoritairement les petites entreprises et les plus petites communes », explique Elisabeth Borne.
« Sans les aides de l’Etat, cela aurait été un doublement des factures », confirme le Premier ministre, qui rappelle que même « pour les ménages les plus modestes, le chèque énergie est de 100 ou 200 euros, selon les revenus ».
Inflation : « un pic en ce début d’année » avant le reflux
« Je ne vais pas m’engager, je n’ai pas de boule de cristal », a dit prudemment Elisabeth Borne à propos de l’inflation. « On a une heure de pointe en début d’année et elle devrait tomber », « pense » le Premier ministre.
>> Inflation : à quoi s’attendre en 2023 ?
« Je mesure à quel point le niveau d’inflation peut être dur pour beaucoup de Français, mais il est bien inférieur à la moyenne des pays européens », a souligné le chef du gouvernement. « Nous avons introduit très tôt des aides contre l’inflation », s’est-il défendu.
La grève des médecins généralistes libéraux « n’est pas responsable »
« Faire grève n’est pas responsable, surtout pendant les vacances », a déclaré mardi le chef du gouvernement via franceinfo. Alors même qu’il dit « entendre le sort des médecins libéraux », il déplore que cette mobilisation ait « augmenté les tensions à l’hôpital ». « Il y a une discussion en cours entre les médecins et la caisse maladie », rappelle Elisabeth Borne, alors que la grève est prolongée jusqu’au 8 janvier.
Situation à l’hôpital : le gouvernement « n’a pas pris des mesurettes »
Elisabeth Borne a défendu le bilan du gouvernement sur la crise hospitalière, rappelant les augmentations de salaire décidées sous Ségur de la Santé, qui sont de près de « 300 € de plus par mois pour une infirmière débutante ». Il a cependant admis que cela « ne résolvait pas tout ». Le Premier ministre estime que les sujets actuellement abordés concernent « l’aménagement du temps de travail des aidants », « la réduction des tâches administratives » et « l’attractivité des professions dans la réduction de la pénibilité ».
Le président doit s’exprimer sur ces questions « en fin de semaine », « avec des voeux aux soignants ». « Mon gouvernement présentera dans les prochaines semaines un plan d’action pour répondre à ces attentes et apporter une réponse aux soignants et aux Français qui souhaitent un système de santé qui fonctionne », conclut-il.
« L’exercice du droit de grève par quelques-uns » ne doit pas « pénaliser des millions de Français »
Répondant à une question sur la grève des contrôleurs SNCF le week-end de Noël, Elisabeth Borne a demandé « à la direction de l’entreprise d’assurer une meilleure continuité du service public ». Un ancien directeur général de la RATP a appelé à ce que les grévistes soient remplacés par des cadres pendant les grèves comme « un bon moyen d’assurer un service minimum ».
Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’interview d’Elisabeth Borne ce mardi 3 janvier sur franceinfo. Il a répondu à Salhia Brakhlia et Marc Fauvelle et aux questions du public.