Actualité militante
Publié le mardi 17 janvier 2023
Si la prévention des accidents du travail s’est améliorée au cours des deux dernières décennies, elle semble avoir diminué depuis 2013. Le nombre d’accidents du travail – surtout mortels – en France est encore très élevé.
Dans son rapport annuel traitant des accidents du travail, la Caisse nationale d’assurance maladie se félicite du très faible nombre d’accidents du travail : 31 sur 1 000 travailleurs. En 2021, année au cours de laquelle des mesures de travail à durée indéterminée étaient encore en place dans certains secteurs, 604 565 accidents ont cependant été signalés – un chiffre de 2020 (l’année marquée est l’incarcération) et en légère baisse jusqu’en 2019 – et 645 décès (contre 530 en 2017).
Selon le rapport, le nombre de jours d’inactivité temporaire est en augmentation (+ 5,6 % en 2021 par rapport à 2019), ce qui prouve l’augmentation du taux de risque d’accident. Plus de 48,5 millions de journées ont été dispensées en 2021, soit l’équivalent de plus de 200 000 travailleurs retenus sur une année.
Une prévention moins efficace
Plus de la moitié des blessures avec arrêt de travail impliquent des activités de manutention manuelle et environ 30 % sont des chutes. 21% des décès sont liés aux accidents de la route et 18% sont liés au travail manuel. Concernant la santé mentale, 10 662 maladies mentales ont été reconnues comme risques professionnels en 2021. Le secteur médico-social est le plus touché. Régis Badel, secrétaire général de l’association FO des ergothérapeutes, rappelle qu’il est important de déclarer tout accident, y compris ceux avec séquelles psychologiques. Deux décisions récentes rendues par les établissements publics des tribunaux de Grenoble et de Chambéry rappellent clairement que le stress post-traumatique ou un état anxieux qui survient après une conversation difficile avec le manager, le superviseur ou le responsable RH doit être considéré comme un risque professionnel.
Donc, quand on y regarde de près, les chiffres sont quand même inquiétants : Nous ne sommes pas en bonne position dans le contexte européen, estime Régis Badel. Et cela est principalement lié à la faiblesse de la gestion de la médecine du travail. En effet, depuis la loi El Khomri, les CHSCT ont disparu et les visites médicales se sont de plus en plus fragmentées. Pour autant, les commissions d’hygiène et de sécurité au travail n’ont pas remplacé les CHSCT, a poursuivi Régis Badel. Ils ont moins de moyens, moins d’élus, moins de temps à consacrer. Un groupe, le CSE, cumule les droits des anciens CE, CHSCT et DP. Il est donc très difficile d’avoir des mesures préventives efficaces, surtout dans les petites entreprises.
Le plan de prévention des accidents du travail graves et mortels, fixé par le gouvernement en mars 2022, s’adresse spécifiquement aux TPE-PME et aux publics les plus exposés, comme les jeunes et les adolescents, les travailleurs intérimaires, les particuliers et les indépendants. travailleurs détachés. Reste à savoir s’il aura de bons résultats ou non.