Tonnerre pour un dollar

L’Arabie saoudite, le plus grand exportateur mondial de pétrole brut, est disposée à discuter du règlement du commerce du pétrole dans des devises autres que le dollar américain.

Le crépuscule du dollar

Le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, a déclaré mardi que le royaume était ouvert au commerce dans des devises autres que le dollar américain.

« Il n’y a aucun problème à discuter de la manière dont nous réglons nos accords commerciaux, que ce soit en dollars américains, en euros ou en riyals saoudiens », a déclaré Jadaan à Bloomberg TV lors du Forum économique mondial de Davos.

Cette sortie a certainement sonné comme un tonnerre à Washington. Si Riyad abandonne le dollar, les autres membres du Conseil du Golfe et l’OPEP devraient emboîter le pas.

Les propos de M. Al-Jadaan sont d’autant plus significatifs que Xi Jinping a clairement appelé les Saoudiens à accepter le yuan lors de sa visite en décembre dernier.

Lors d’un sommet dans la capitale saoudienne, le président chinois a proposé que les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) profitent pleinement des marchés financiers de Shanghai pour régler le commerce du yuan.

Ailleurs dans la région, l’Égypte émet maintenant des obligations libellées en yuan en août dernier. Même Israël, l’allié fidèle de l’Amérique, a diversifié ses réserves de change en yuan, dollars canadiens, dollars australiens et autres devises.

L’Iran et la Russie ont annoncé l’année dernière qu’ils utiliseraient leur propre monnaie. Selon le point de vente russe Vedomosti, les deux pays travaillent également à la création d’un stablecoin adossé à l’or.

À Lire  Uniswap : Une levée de fonds de 100 millions de dollars en vue

La Turquie ne fait pas exception. L’Anatolie paie désormais une partie substantielle de ses importations énergétiques russes dans des devises autres que le dollar.

La géopolitique du pétrodollar

Le pétrodollar est la pierre angulaire de l’empire américain. Cette expression signifie que tout le pétrole est vendu exclusivement en dollars.

C’est le cas depuis 1975. Ce coup géopolitique a été initié par Henry Kissinger. Le contexte sulfureux de cet accord ICI.

Le pétrodollar offre aux États-Unis un « privilège exorbitant », comme l’a dit le général de Gaulle. La raison en est que le pétrole est l’énergie essentielle pour toute nation industrialisée. A tel point que le monde entier est obligé d’accumuler des dollars pour pouvoir se le permettre.

Les banques centrales disposent désormais de 7 000 milliards de dollars de réserve. C’est presque 60% du total. Le reste est composé d’euros (20 %) et de quelques autres devises (yen, dollars canadien et australien, etc.).

Le grand avantage pour les Etats-Unis est que cet argent est réinvesti dans sa dette et ne pèse donc pas sur le taux de change du dollar.

En d’autres termes, le privilège est de pouvoir afficher une balance commerciale chroniquement négative sans que le dollar ne s’effondre.

Le déficit cumulé des États-Unis depuis la création du pétrodollar est de plus de 15 000 milliards de dollars. Il était de 1 000 milliards rien qu’en 2022. Et pourtant, le dollar ne baisse pas, offrant aux Américains un niveau de vie artificiellement élevé.

L’émancipation de l’Arabie saoudite est de bon augure pour l’essor d’une nouvelle monnaie de réserve internationale. Une monnaie qui ne profiterait à aucune nation en particulier. Une monnaie sans État, sans censure, avec une masse monétaire absolument fixe et non adossée à des montagnes de dettes. Bitcoin en bref.

À Lire  Crypto : WMG et OpenSea vont développer des NFT musicaux

Les États-Unis n’accepteront pas que la Chine leur retire son privilège exorbitant. D’où l’intérêt pour Bitcoin, qui verrait les nations commercer sur un pied d’égalité.

Recevez un résumé de l’actualité du monde des crypto-monnaies en vous inscrivant à notre nouveau service de newsletter quotidienne et hebdomadaire pour ne rien manquer de l’essentiel de Cointribune !

Journaliste faisant un reportage sur la révolution Bitcoin. Mes articles traitent du bitcoin à travers des prismes géopolitiques, économiques et libertaires.