Dans la salle de dégustation se trouvent les deux bouteilles, en forme de Bourgogne : une rouge et une blanche nommée « Cabochard ». L’étiquette indique « naturellement relaxant » et « infusé de CBD ». Avec cette gamme qui devrait bientôt s’enrichir d’un rosé, ce négociant est le premier à pénétrer ce marché prometteur. « On retrouve des traces de vins fortifiés au cannabis dans l’Antiquité, on remet simplement cette pratique au goût du jour », explique Jean-Baptiste Tréguier, directeur adjoint.
Et il est fait avec du CBD, abréviation de Cannabidiol, une molécule dérivée du chanvre, connue pour ses propriétés relaxantes et tout à fait légale (1). Après le CBD dans les confiseries, les tisanes, les pâtes ou les cosmétiques – et de nombreuses boutiques ouvertes dans toute la France – il est arrivé dans le monde du vin.
Bons dosages
Des mois d’essais et d’erreurs pour trouver les cépages qui vont bien, la bonne dose de CBD – quelques milligrammes par litre de solution concentrée – le temps d’infusion optimal dans les cuves, et c’est ainsi que Cabochard est né, avec 10 000 bouteilles produites pour chacune des deux couleurs. « Ce n’est pas une astuce marketing, nous sommes là pour vendre des bouteilles », précise le directeur général. Il coûtera 14,95 € dans les magasins spécialisés, la cible numéro un.
Ces boissons aromatisées à base de vin (BABV est leur catégorie légale) doivent être consommées fraîches, après un court séjour au réfrigérateur. White, un mélange d’Ugni Blanc et de Colombard, contient 0,25% de CBD et a une teneur en alcool de 10%. Dans le verre, le plaisir est là. Les notes florales et mentholées du CBD se mêlent aux arômes classiques d’agrumes et de fruits exotiques. Une amertume apparaît en fin de bouche.
Séduire les jeunes
« Le CBD parle aux jeunes, notre objectif est de les séduire avec cette nouveauté. Cabochard peut débuter une après-midi, en guise d’apéritif. Avec lui on veut désacraliser le vin, en faire une boisson plaisir », explique Clémence Duboc, responsable marketing. « Détente » et « évasion » sont pour elle les maîtres mots.
Place au rouge : 100% Merlot (Vin de France, pas Bordeaux), avec 0,35% CBD, un peu de sucre (glucose/fructose de raisin) et 13° d’alcool au comptoir. Au verre, le résultat est plus déroutant : on s’éloigne du monde du vin pour se rapprocher de celui du jus de raisin, aux notes résineuses. Charnu et généreux, mais aussi sucré, il séduira les néophytes. En fait, il est fait pour ça.
(1) Substance à ne pas confondre avec le THC – Tetrahydrocannibol – autre molécule dérivée du chanvre et dont les effets psychotropes la rendent illégale en France.