Les start-up intéressées par le CBD, légalisé par l’UE depuis 2019, fleurissent partout à La Réunion. Désormais, ce cannabis, dépouillé de sa substance psychotrope, rencontre de plus en plus d’adeptes de jour en jour. Si la consommation reste maîtrisée, elle se développe et les produits se diversifient.
A La Réunion nous sommes allés voir ceux qui souhaitaient incorporer ce produit, aux multiples vertus, dans leurs recettes culinaires. C’est le cas de Marie-Pierre du K’mion Rouge, à Saint-Denis, qui a relevé le défi de faire du CBD l’ingrédient phare de ses recettes. Un pionnier sur l’île.
Pour elle, la rencontre avec le CBD s’est faite sous la forme d’un soutien. Après avoir traversé des épisodes personnels très compliqués, le produit était « un substitut aux somnifères ou aux anxiolytiques », explique-t-elle. Et très vite Marie-Pierre voit dans le CBD une opportunité et un véritable « produit miracle ». Marie-Pierre est une véritable entrepreneure qui aime prendre des risques et n’est pas du genre à reculer. Malgré les difficultés du début, après avoir rencontré le CBD dans des conditions particulières, l’idée de l’associer à ses recettes culinaires semblait évidente.
Pour Marie-Pierre, le CBD se déguste sous toutes ses formes. Et selon le chef, « toutes les recettes du monde peuvent être faites avec du CBD ». Elle explique : « Comme j’aime oser et prendre des initiatives, j’ai essayé différentes recettes et combinaisons ».
Ainsi, hier, au menu de K’mion Rouge, on pouvait trouver à la carte un rougail de cabillaud au CBD, « donc garni de Lemon Skunk, car le citron se marie bien avec le poisson. Je prends les fleurs de CBD, je les décarboxyle : je Je les fais chauffer au four, ils sont frits. Puis je les écrase avec les doigts. Puis je les ajoute aux épices comme un rougail de cabillaud ordinaire à la fin », raconte-t-elle. Chez Marie-Pierre, on trouve de la mousse au chocolat au CBD, « avec des bonbons au caramel », de la limonade avec « Lemon Haze », ou du poulet avec une sauce aux huîtres avec « OG Kush ».
Au-delà des merveilleuses saveurs et arômes que le CBD peut apporter à la cuisine, Marie-Pierre n’en oublie pas les nombreux bienfaits : « Il est très efficace pour calmer, détendre, soulager certaines douleurs et induire le sommeil. Le CBD régule notre humeur grâce aux récepteurs cannabinoïdes. dans le corps. »
Aujourd’hui, plus que convaincue par le produit, toute la famille de Marie-Pierre en consomme désormais. « Sous forme de douceurs, de tisanes ou de pâtisseries », explique sa mère Chantal venue l’aider et d’abord réticente à l’idée. Et, « malgré le scepticisme de la majorité de la famille, je leur ai vite montré que ce n’était que du positif ».
En Rougail, cookies ou confiseries, le CBD ne rencontre évidemment aucune frontière et semble peu à peu prendre place dans les tiroirs comme un véritable ingrédient culinaire.
Jeudi était une journée très spéciale pour La Bib, qui est un atelier de brassage de bière situé à L’Entre-Deux. En effet, après presque un mois d’attente, les fondateurs ont goûté pour la première fois leur bière CBD. En collaboration avec Kaz CBD – qui fournit également K’mion Rouge – ce fut donc une journée décisive pour les deux partenaires. Et si le résultat est positif, « pourquoi ne pas envisager de le mettre à disposition et de le diffuser sur l’île », commente Dimitri, cogérant de La Bib. Un pari sur l’avenir, mais surtout « une façon de rejeter un produit aux multiples vertus », commente Vedran Kapetanovic, patron de la société Kaz CBD.
Pour les deux brasseurs, il n’y a pas beaucoup de changement « puisqu’on garde les quatre ingrédients principaux de la bière : l’eau, le houblon, le malt et la levure – ce qui nous permet d’avoir le nom de bière – et on remplace une partie du houblon par des fleurs et du CBD. distillat », explique David, également co-directeur de La Bib.
Et visiblement c’est une réussite. Après dégustation, les deux brasseurs posent leurs verres et donnent leur avis, avec très peu de corrections à apporter : « C’est un goût très intéressant. Vous pouvez sentir le goût herbacé du CBD, l’arôme du distillat, mais le CBD ne domine pas le goût de la bière. Ça va bien. Nous avions peur que la chlorophylle soit présente, mais nous ne le savions pas. C’est ce que nous voulions », explique Dimitri plus que satisfait.
Le début d’une nouvelle aventure, donc, pour ces entrepreneurs qui n’hésitent pas à s’aventurer dans un univers jusqu’alors inconnu.
Un défi qui n’en est plus un pour Vedran Kapetanovic, qui est passionné par son produit et a une grande foi en sa puissance : « Maintenant que c’est réglementé, on peut lui dire non de bien des façons. Il est certain qu’il peut être consommé de différentes manières, sans perdre ses propriétés aromatiques et vertueuses ».
Convaincues, les personnes rencontrées le sont. Véritable passe-partout, le CBD semble promis à un bel avenir. Désormais, son sort est entre les mains des consommateurs réunionnais, qui adopteront ou non ce produit longtemps condamné et aujourd’hui mis sur le devant de la scène.